Le Conseil d'administration de votre société d'histoire souhaite à tous les membres et amis une excellente année 2016, une année remplie de surprises, de découvertes et autres contentements.

La Société propose ici de courts textes relatant des faits marquants de notre histoire régionale ainsi que de brèves biographies de personnages ayant façonné, hier, notre société d'aujourd'hui. NOTE IMPORTANTE : La publicité qui paraît désormais dans nos pages n'est pas de notre fait et nous ne la cautionnons en aucune manière.
mardi 29 décembre 2015
mardi 22 décembre 2015
mardi 15 décembre 2015
ÉCOLOGIE ÉCONOMIQUE
Il est courant,
de nos jours, de s’entendre dire que l’écologie et l’économie marchent la main
dans la main et qu’il est rentable de protéger la Nature.
Convenons,
toutefois, que ce discours nous paraît bien neuf et récent.
Pourtant…
Pourtant, en
1940 déjà, l’Association de la Province de Québec pour la protection du poisson
et du gibier se faisait l’ardente protagoniste d’une telle idée.
Son
raisonnement, tel qu’elle l’expose dans le Canada Français du 26 décembre, est
facile à suivre.
Les pêcheurs
sont des passionnés et sont prêts à dépenser d’importantes sommes d’argent pour s’assurer le
plaisir de bonnes prises.
Tout cultivateur
dont les terres sont traversées par une rivière ou même un ruisseau (ou qui abritent
un lac) a un intérêt manifeste à protéger les poissons qui s’y trouvent afin d’en
tirer bénéfice.
Il aura donc à cœur
de protéger l’intégrité des cours d’eau et plans d’eau, il évitera de les
empoisonner ou de les envaser et
il défendra la ressource contre toutes les pratiques susceptibles de lui nuire
et d’obscurcir son avenir.
Comme les vieux
vêtements, les vieilles idées reviennent régulièrement à la mode…
mardi 8 décembre 2015
QUAND L’ÉDUCATION COMBAT L’EXODE RURAL
C’est bien
connu, le Québec a perdu de très importants effectifs à la fin du 19e
siècle et au début du 20e, alors que les nôtres s’exilaient aux États-Unis en espérant améliorer leur sort en vendant leur force de travail aux
usines textiles.
![]() |
Exode rural |
Au début des
années 1920, un autre mouvement massif se dessine alors que les cultivateurs
délaissent leurs champs et se précipitent dans les villes dans l’espoir d’y
trouver meilleure subsistance.
Ce qui les
attend, au contraire, c’est le chômage, la promiscuité, la maladie et la
déchéance.
Pour enrayer ces
mouvements de population qui inquiètent tant les autorités diverses hypothèses
et théorie sont avancées, mais peu d’actions sont engagées.
À Saint-Jean, en
1923, les choses changent.
M. J.A. Clément,
relationniste de l’association des éleveurs d’Ayrshires, comprend que pour
rentabiliser les fermes, il faut un minimum de compétences et occuper un
créneau porteur.
Il décide donc
de fonder le Club Richelieu de Saint-Jean afin d’offrir à tous les cultivateurs
de la région de Rouville à Saint-Rémi et de Laprairie à Chambly l’occasion de
s’instruire sur les plus récentes méthodes d’élevage, du choix des races, de
leur alimentation de même que sur l’industrie laitière en général.
À chacune des
rencontres, agronomes et professeurs de l’Institut Agricole d’Oka se succèdent
pour exposer les plus récentes trouvailles en matière de productivité et les
cultivateurs se pressent, nombreux, dans l’assistance.
Impossible de
savoir, cependant, si une telle démarche a ralenti l’émigration et l’exode
rural.
En général, les
économistes attribuent à la 2e Guerre Mondiale la solide relance de
l’économie québécoise et l’avènement d’un bien-être inconnu qui rendait
désormais inutiles les déracinements.
mardi 1 décembre 2015
FERRON À SAINT-BLAISE
Il y a 30 ans mourait à
Saint-Lambert le romancier, dramaturge, médecin et homme politique Jacques
Ferron.
Gloire de notre
littérature, il aura enchanté et déridé nombre de lecteurs par ses facéties et
sa façon inimitable de présenter la quotidienneté la plus ordinaire.
Mais avant d’écrire Le ciel de Québec ou L’amélanchier
et avant de créer le Parti
rhinocéros
pour satiriser la politique fédérale, Jacques Ferron a été
brièvement médecin militaire.
Ottawa avait accepté d’incarcérer
à Saint-Blaise, dans les locaux de l’institut Feller, les prisonniers de guerre
allemands que l’Angleterre ne voulait pas garder chez elle.
Promu à la fois médecin
et capitaine en décembre 1945, Jacques Ferron reçoit sa première affectation à
cette prison bon enfant.
Il y fraternisera avec
les prisonniers, lesquels maîtrisent mieux le français que l’anglais, et il y
jouera au bridge avec le colonel unilingue anglais bien que lui-même ne
connaissait pas cette langue.
L’aventure ne durera, en
tout et pour tout que deux mois, en janvier et février 1946, mais elle parait
n’avoir laissé que d’heureux souvenirs à l’écrivain.
Paradoxalement, elle ne
semble avoir laissé aucune trace dans l’œuvre publié.
Ce n’est que dans Le pas de Gamelin, un roman inachevé
interrompu par la mort de l’auteur, que Ferron avait entrepris de ressasser ses
récollections de la Grande-Ligne de Saint-Blaise.
On peut parier que sa
verve s’y exerce à souhait.
mardi 24 novembre 2015
LE CHEMIN ÉDOUARD VII
Avec
l’apparition des automobiles au début du 20e siècle,
la nécessité d’un réseau
routier québécois en bon état s’affirme de jour en jour.
Cela devient si évident pour une
liaison transfrontalière entre Montréal et New York que le gouvernement de Lomer
Gouin se résout finalement, en 1912, à commander la construction du Chemin
Édouard VII, du nom d’un souverain anglais qui n’a jamais visité la région et
qui est plus connu pour son amour des tripots que pour son sens du bien public.
Partant du pont Victoria, à Montréal, la route doit aboutir au village de Rouse’s Point, dans le New York, après avoir
notamment traversé Saint-Philippe, Saint-Jacques-le-Mineur, Saint-Cyprien,
Lacolle et Notre-Dame-du-Mont-Carmel (annexé à Lacolle, depuis).
Les travaux sont menés bon train et la
route est livrée à l’automne 1913, sauf pour une section de près de 2
kilomètres et demi qui relevait du gouvernement fédéral et que celui-ci a
toujours refusé de financer.
![]() |
Partie de la section de route que le gouvernement fédéral a refusé de financer. |
Le tout sera complété en 1920 aux frais
des contribuables québécois…
Cette route, considérée comme la plus
belle du réseau, fut tout de suite adoptée par tout un chacun et connut dès le
départ une circulation très intense.
Voitures particulières et camions de
livraison s’y croisaient évidemment en abondance, mais d’autres usagers
l’employaient aussi.
Les cultivateurs de Saint-Cyprien,
notamment, se levaient de bon matin, attelaient le cheval à leur charrette et
se rendaient au marché central vendre lait, œufs et autres produits de leur
récolte.
Bref, cette voie rendait de notables
services… mais pas tout le temps.
Le «Bulletin bi-mensuel du département
de la voirie » précise en effet : « Ouverte à la circulation
pendant pratiquement neuf mois de l’année… »
Le chasse-neige n’était pas encore
disponible.
mardi 17 novembre 2015
ALEXANDRE BARETTE
Alexandre Barette a été admis à la Chambre des Notaires le 19 novembre 1870, et, très rapidement, il s’est installé à Napierville.
Au début,
il ne croyait pas rester là longtemps, car il estimait « qu’il n’y avait
pas beaucoup d’argent à faire là », comme il le disait à l’un de ses
correspondants.
Mais
rapidement, il s’est mis à cumuler les fonctions officielles à titre de secrétaire-trésorier
de Saint-Cyprien, de Napierville, de la municipalité de comté et de la
commission scolaire.
Le 4
septembre 1909, il était même nommé, par le lieutenant-gouverneur, vérificateur
de la comptabilité de la paroisse de Saint-Jacques-le-Mineur, comté de
Laprairie.
Il
aura exercé ses fonctions de notaire durant 60 ans et ce n’est en effet que le
20 mai 1930 que son successeur a été désigné en la personne du notaire Joseph-Exoré
Dupont, lequel était autorisé par Alexandre Desmeules, sous-secrétaire suppléant
du Québec, à reprendre en sa faveur
les « minutes, répertoire et index de feu Alexandre Barette. »
Bref,
Me Barette était un personnage important et un notable de la région.
Toutefois,
une résolution du Conseil municipal de Saint-Cyprien, adoptée le 4 février
1918, nous indique que notabilité et revenus élevés ne coïncident pas.
À
cette date, Me Barette est ré-embauché – pour un an – au tarif de 200$ (aujourd’hui,
ce montant vaut environ 2 670$), mais avec menace de ramener ce salaire à 150$
s’il ne réussit pas à décrocher des subventions auprès du ministère de la
voirie…
Sic transit gloria mundi[1].
mardi 10 novembre 2015
L'ARMISTICE
En
ce jour d’armistice, Saint-Jean se souvient.
Il
se souvient avoir été le berceau du célébrissime 22e régiment, ce
régiment qui s’est illustré avec élégance, courage et détermination dans tous
les combats dans lesquels il a été engagé.
Le
premier de tous aura été de se faire accepter comme régiment canadien français
par les officiers canadiens imbus de toute la suffisance britannique.
Mais
c’est en Europe, lors de la première guerre mondiale qu’il a su s’illustrer,
acquérir ses couleurs et malheureusement payer, comme on dit, le tribut du
sang.
Le
11e jour du 11e mois 1918, à exactement 11 heures, cette
incroyable boucherie que fut la première grande guerre prenait fin.
L’heure
du bilan sonnait pour le 22e.
En
tout, il avait envoyé 244 officiers et 5 675 soldats et sous-officiers sur les
champs de bataille.
56%
de ses officiers et 67% de ses soldats et sous-officiers y sont morts ou y ont
été blessés.
Voilà
de quoi se souvient Saint-Jean en ce 11 novembre.
Longtemps,
ce souvenir a été renforcé par la sirène de la Singer qui, une fois par année,
le 11 novembre, sonnait à 11 heures plutôt qu’à son heure habituelle.
Voilà
une autre tradition disparue.
mardi 3 novembre 2015
PROTECTION FÉMININE
On a longtemps dit – et on
continue de le dire dans certaines circonstances – que l’ancien Code civil du
Québec nuisait considérablement aux femmes mariées et les réduisait au statut de
pupille de leur mari.
Quoi qu’il en soit, Dame
Hermine Labrice de Kérouac, épouse Corriveau, a su démontrer que ce statut
pouvait être exploité.
Mariée en séparation de
biens, Madame Corriveau est notamment propriétaire de vastes terres dans le district
d’Iberville, terres où elle a considérablement investi pour en augmenter l’agrément
et dont elle a loti une bonne partie à des fins de spéculation foncière.
Dans les faits, bien qu’elle
soit la propriétaire de tout cela, elle en laisse l’entière gestion à son mari.
Dans le cours de ces
affaires, elle emprunte 4 000 dollars à la compagnie Trust and Loan Company of Canada en février 1897 et consent une hypothèque
en garantie.
L’échéance étant survenue
et aucun remboursement n’ayant été effectué, la compagnie créancière a intenté
une poursuite qui a successivement été entendue par divers tribunaux avant d’aboutir
au Conseil privé de Londres[1].
Et là, le 3 novembre 1903,
la Dame Corriveau se trouve libérée de sa dette.
Elle a en effet affirmé
que l’emprunt n’était pas destiné à embellir son domaine, mais à payer les
dettes de jeu de son mari.
Or, le Code civil interdit
aux femmes mariées en séparation de bien de s’engager au profit de leur époux.
Le prêteur aurait dû s’enquérir
de la nature de l’emprunt avant de le consentir.
Il ne l’a pas fait, tant
pis pour lui…
On peut parier qu’avec la
nouvelle égalité, ce truc ne passerait plus.
[1] The Trust Loan Company of
Canada v Gauthier and others (Quebec) [1903] UKPC 60 (3 November 1903).
mardi 27 octobre 2015
DES SOUCIS DE VOIE FERRÉE
Ce n’est pas d’hier
que Saint-Jean se soucie des voies ferrées et des trains qui traversent son
territoire.
Au 19e
siècle, c’est la capacité de la ville de lever des impôts sur les
infrastructures d’une compagnie ferroviaire qui retient l’attention.
La compagnie Central
Vermont, dans la déclaration de biens pour fins d’évaluation municipale, a
négligé de déclarer son pont sur le Richelieu de même que les rails posés sur
ce dit pont.
Constatant cette
infraction, la ville de Saint-Jean a voulu saisir les biens de la compagnie
afin de se faire payer.
La compagnie a alors
saisi la Cour supérieure, qui a donné raison à Saint-Jean, tout comme la Cour
d’appel.
En revanche, la Cour
suprême a renversé ces deux décisions et cet arrêt a même été confirmé par le
Conseil privé de la puissance impériale[1].
Les représentants de
Saint-Jean ont alors eu un commentaire tout à fait pertinent : la Cour
supérieure et la Cour d’appel, deux tribunaux francophones, de même que les
deux juges dissidents de la Cour suprême, eux aussi francophones, ont donné
raison à la municipalité tandis que les autres juges, tous anglophones, ont
décidé de limiter la capacité fiscale des municipalités québécoises…
Rien de nouveau sous le soleil, dirait-on...
[1] The Corporation of the Town of St. John and another v The Central Vermont Railway Company (Canada) [1889] UKPC 43 - (25 july 1889)
Inscription à :
Articles (Atom)