Le 1er
mars 1895, dans une tentative de vol à main armée, un immigrant irlandais du
nom de Valentine Shortis tue deux employés de l’usine de la Montréal Cotton
Company à Salaberry de Valleyfield, Maxime Leboeuf et un certain Loy.
Lors de son
procès, la Cour rejette son plaidoyer de folie passagère et le condamne à la
peine capitale.
Le journal La
Minerve s’en réjouit en ces termes dans son édition du 5 novembre: « L'esprit de justice et le bon sens de
l'homme des champs ont triomphé de la science des experts et de l'habileté des
défenseurs. »
On se souvient en
effet qu’en mai 1895 la défense d’aliénation mentale n’a pas été
retenue, en
Ontario, dans le procès d’Amédée Chatelle, accusé de meurtre, ni dans le cas de
Louis Riel, victime, en 1885, de ce que Louis-Joseph Papineau qualifiait d’ « assassinat judiciaire ».
Bref, l’affaire
est oubliée de presque tous et classée parmi les autres faits divers.
Sauf que…
Sauf que la
famille de Shortis est très riche et entreprend de faire le siège du premier
ministre fédéral conservateur Mackenzie Bowell et du gouverneur général
Aberdeen, tous deux de bons britanniques au pouvoir au Canada.
À force d’argent,
le père et la mère de l’assassin exercent tant de pressions que le condamné
finit par bénéficier d’une commutation de peine, ce qui soulève une vague d’indignation
peu commune chez les Canadiens français qui y voient une nouvelle démonstration du racisme
dont ils sont victime de la part des autorités canadiennes.
Assez
curieusement, le Canada Français, parfois chatouilleux en ces matières, se
contente cette fois-ci de relater cette affaire de façon particulièrement
neutre.
Étonnant!