En cette fin de 19e
siècle, les partis politiques ont encore la cote et ils n’hésitent pas à
organiser des cérémonies grandioses pour célébrer leurs candidats.
Ainsi en est-il, ce
samedi 25 juillet 1896.
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Wilfrid Laurier |
Wilfrid Laurier a remporté
les élections fédérales du mois de juin précédent et il vient maintenant
appuyer, à Saint-Jean, son candidat Israël Tarte.
Ce dernier a été battu
dans le comté de Beauharnois alors il vient tenter sa chance dans Saint-Jean et
Iberville à l’élection du 3 août…
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Israël Tarte |
Malgré tous les flonflons
officiels, malgré la présence des Libéraux notoires et influents et malgré la
bonne humeur rituelle, la candidature de Tarte provoque de nombreuses
indignations.
Cela se comprend, car
Tarte est l’un des plus convaincus vire-capots qui puissent s’imaginer.
Il a été successivement
conservateur, pro-ultramontains, anti-ultramontains et il redeviendra tout cela
avant la fin de sa vie.
Pour l’instant, il se
déclare libéral avec Laurier et c’est la raison pour laquelle ses anciens
associés ne l’appellent plus que « Judas Iscariote », du nom de l’ami
de Jésus qui l’avait vendu aux forces de l’ordre.
Il sera néanmoins élu et
tout de suite nommé ministre fédéral des travaux publics, ce qui lui permettra
notamment de favoriser le raccordement des voies ferrées de l’Intercolonial à celles du Grand Tronc via le chemin de fer du
comté de Drummond.
Ce qu’il y a d’intéressant
dans cela c’est que le propriétaire du chemin de fer de Drummond, James
Naismith Greenshields, avait déjà donné 20 000$ à Tarte pour lui permettre
de s’offrir le journal La Patrie…
Il va aussi négocier l’abandon,
par le Manitoba, de son obligation constitutionnelle d’offrir l’enseignement
catholique et français aux élèves de la province…
Décidément, les
électeurs de Saint-Jean Iberville avaient choisi tout un lot.
Même Laurier s’en rendra
compte et, en 1902, il congédiera Tarte.
Sans se laisser
démonter, ce dernier reviendra aux Conservateurs et sera leur principal organisateur
politique en 1905.
Mais tous ces revirement
imposent un lourd tribut et, le 18 décembre 1907, à l’âge de 59 ans, il décède...
sans susciter grand peine.