mardi 11 décembre 2018

MORT D’UN GÉANT


Docteur Roméo Rochette - Source : SCA

En ce 12 décembre 1958 décède à l’Hôtel-Dieu de Montréal le célèbre docteur Roméo Rochette, fondateur et chef du service d’anesthésie de ce même hôpital.

Né dans la paroisse de Saint-Cyprien-de-Napierville en 1895, Roméo Rochette était fils et petit-fils de médecins.

C’est donc presque « naturellement » qu’après de brillantes études au Collège de Montréal il s’inscrit à la Faculté de médecine de l’université de Montréal (qui vient tout juste de se détacher de l’université Laval de Québec) où il décroche son doctorat en médecine (M.D.) en 1922.
 
Hôtel-Dieu           Source : Jacques Nadeau - Le Devoir

Interne à l’Hôtel-Dieu dès 1921, il devient chef interne 3 ans plus tard avant de se faire offrir un poste non rémunéré d’assistant anesthésiste toujours au même hôpital.

Pour arriver à boucler son budget, il se voit toutefois forcé de renoncer quelque peu à cette spécialisation et d’ouvrir un cabinet de médecine générale, expérience qui lui déplaisait et dont le tire l’anesthésiste de l’hôpital, le docteur Charles Larocque.

Celui-ci lui offre en effet en 1927, une rémunération suffisante qui rendait son cabinet superfétatoire et qui lui permettait de se consacrer à temps plein à l’anesthésie, discipline tout à fait nouvelle à l’époque et qui pose alors ses solides fondations scientifiques.

Il s’agissait en fait de remplacer le docteur Adrien Larose, bras droit officiel de Larocque, mais bras droit tellement diminué par la maladie qu’il est presque perpétuellement absent.

Rochette déploie alors dans son nouveau poste un tel enthousiasme, un tel dévouement envers les patients et un tel souci de suivre au plus près les découvertes et les percées technologiques dans son domaine de prédilection qu’en 1934, après la mort de Larocque et de Larose, il devient bien entendu le chef anesthésiste de l’établissement.

En fait, c’est un véritable service d’anesthésie qu’il fonde alors et auquel il va assurer une très grande réputation.

À un point tel, d’ailleurs, qu’en 1943, lorsque les anesthésistes de l’époque décident de se doter d’une association professionnelle – la Société canadienne des anesthésiologistes – Roméo Rochette en devient vice-président fondateur, ce qui illustre bien la cote d’estime dont il jouissait auprès de ses pairs. 

C’est peu de dire que son décès en 1958, à 63 ans, a été durement ressenti par toute la profession, car c’était un pan entier de sa construction et de son  histoire qui disparaissait ainsi.