Bien que jouissant de la
qualité de fleuron de l’histoire de Saint-Jean, l’industrie de la poterie y a
connu un cheminement économique des plus mouvementés.
Prenons l’exemple de la St
Johns Stone Chinaware Company.
Fondée au début des années
1870 par George Whitefield Farrar, il s’agissait de la première usine
nord-américaine de porcelaine.
Jusque là, les Farrar s’étaient
contentés de cuire des objets utilitaires en grès et voilà qu’ils voulaient
explorer de nouveaux marchés.
Le capital manquait
toutefois et rien ne serait arrivé si le financier johannais Edward C.
Macdonald n’y avait pas investi 50 000$, une somme fort imposante pour l’époque.
Grâce à cette mise de fonds,
Macdonald déplace rapidement Farrar et devient président de la compagnie en
1873.
Patatras! Deux ans plus tard elle déclare faillite.
Peu disposé à se laisser
abattre, Macdonald achète alors carrément la compagnie en payant le tout comptant,
puis il la relance sans plus attendre, ouvrant une période ensoleillée d’une
vingtaine d’années.
Au sommet de son activité, l’entreprise
employait 400 ouvriers.
En janvier 1889, Macdonald
décédait, mais sa compagnie était reprise par ses héritiers, héritiers qui ne
semblent pas avoir eu le même sens des affaires.
En 1896, la décision est
prise de vendre puisque qu’une entreprise potière française se montre
intéressée.
La chose est si sérieuse que
même le Canada français du 17 avril 1896 fait état du départ vers la France de l’héritier Alexander
Macdonald, accompagné de son avocat E. Z. Paradis.
![]() |
Émilien Zéphirin Paradis |
La transaction se conclut
pour une somme non divulguée, mais la situation est si grave qu’à peine deux
ans plus tard la compagnie, incapable de rembourser ses créanciers, déclare
faillite.
Une belle entreprise et une
belle ambition viennent de périr.