mardi 30 avril 2019

LE QUÉBEC DOUBLE DE SUPERFICIE



En ce 30 avril 1909, le Canada français a le cœur à la joie.

C’est que, journal libéral, il fête un geste
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particulièrement remarquable du premier ministre – libéral – du moment : Lomer Gouin.
Ce dernier vient en effet d’annoncer l’annexion, par son gouvernement, de ce que l’on appelle à l’époque le Grand Nord ou l’Ungava.


Il s’agit d’une prise de 650 mille kilomètres carrés, ce qui double le territoire du Québec et lui assure l’accès à d’immenses richesses forestières et minières.
Canada français, 30 avril 1909


Peuplé par quelques petites bandes d’Inuit et d’Innus, peu exploré par les Blancs, ce territoire paraît empli de promesses.

Constatant que l’Ontario avait étendu son territoire jusqu’à l’océan arctique, Lomer Gouin a résolu d’en faire autant et d’arracher l’accord d’Ottawa, ce qu’il a réussi de haute main.

Ces félicitations vont cependant virer à l’amertume, en 1927, lorsque Londres va arracher tout le Labrador au Québec pour le donner à sa propre colonie pas encore intégrée au Canada : Terre Neuve.
(1)

Un tribunal britannique devait en effet décider entre les prétentions du Québec et celles de sa colonie.

En litige : l’interprétation d’une clause des traités anciens qui accordait aux pêcheurs anglais accès à la côte pour faire sécher leurs poissons.

Le tribunal, dont deux juges avaient des intérêts économiques au Labrador, a jugé que l’accès à la côte s’étendait jusqu’à la ligne de partage des eaux…

D’un trait de plume – intéressé – Londres amputait le Québec d’un territoire de 295 mille kilomètres carrés, de quoi inculquer un fort sentiment d’injustice qui dure jusqu’à nos jours.

Quant à Ottawa, jamais content de complaire totalement au Québec, il a fait durer les tractations jusqu’en 1912 et a limité le nouveau territoire à la côte de l’océan arctique, privant le Québec de l’accès au plateau continental et aux îles côtières, manière, sans doute, de susciter la gratitude…
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(1) Source : Wikipédia