mardi 18 février 2020

LE BARREAU SE DIVISE



Fondé en 1849, le Barreau du Québec ne comptait à l’origine que trois sections : celles de Montréal, Trois-Rivières et Québec.

Mais l’expansion de la population aidant, de nouvelles sections se sont créées au fur et à mesure des besoins.

C’est ainsi qu’en 1929, 80 ans plus tard, les avocats exerçant dans les districts judiciaires d’Iberville, de Saint-Hyacinthe, de Richelieu et de Beauharnois ont décidé d’établir la section de Richelieu et de se doter rapidement d’un bâtonnier.

Ce fut chose faite en 1930 et le tout premier bâtonnier fut choisi en la personne de Me Pierre-Joseph-Arthur Cardin, qui venait justement d’être réélu en même temps député libéral fédéral du comté de Richelieu.

Il resta en poste jusqu’en 1932 pour les deux premiers mandats d’un an.


Il faudra ensuite attendre jusqu’en 2007 pour
qu’apparaisse la première bâtonnière… en la personne de Me Sonia St-Onge.

mardi 11 février 2020

À QUI LE TROTTOIR ?



La Place du Marché a été le site d’un affrontement judiciaire qui s’est rendu jusqu’en Cour suprême… tout cela pour un petit bout de terrain.

Place du Marché, donc.  

En 1868, la ville décide de remplacer le trottoir en pierre bordant la place par un trottoir de bois.

Cette nouvelle structure, d’un peu plus de deux mètres de large, était installée côté nord de la Place et venait s’abouter aux constructions riveraines, dont celle de Narcisse Lord.

En 1905, près de 40 ans plus tard, la décision est prise de remplacer ce trottoir de bois par un autre en béton.

Pour une raison qui n’est pas précisée, mais qui est peut-être liée à un souci d’économie, le nouveau trottoir est plus étroit et ne touche plus les constructions dorénavant, mais laisse plutôt une étroite bande de terre d’une trentaine de centimètres entre le trottoir lui-même et les maisons.

Narcisse Lord prend immédiatement feu et met la ville en demeure de rétablir un trottoir de la même largeur que l’ancien sinon il réclamera l’entière propriété du terrain occupé par le dit trottoir devant sa demeure.

Sur refus de la Ville, il intenta une action en possession en Cour supérieure, laquelle le débouta.

Il a ensuite saisi la Cour d’appel avec le même résultat.

Se pourvoyant alors en appel devant la Cour suprême, il tente néanmoins, de régler cette question à l’amiable, mais sur refus de la ville, il décide de procéder.

Sans succès toutefois puisque, le 1er février 1921,  la Cour confirme la décision des deux tribunaux inférieurs.

Un tel cheminement judiciaire a sans aucun doute coûté beaucoup plus cher que la valeur du petit bout de terre.

Mais quand on est têtu…

mardi 4 février 2020

RAOUL BLANCHARD CHEZ NOUS...


Jusque dans la première moitié du 20e siècle, on peut aisément prétendre que la géographie – comme discipline et comme enseignement – était à peu près inexistante au Québec.
 
Il a fallu que le grand géographe français Raoul Blanchard s’intéresse à nous, vienne régulièrement mener des explorations systématiques du territoire et publie – dans ses études canadiennes (6 tomes) – le résultat de ses recherches.

Ces études ont connu un tel succès que Blanchard est unanimement reconnu comme l’un des initiateurs de la géographie québécoise.

C’est exactement l’opinion du Canada français du 1er février 1940…



Mais le journal en parle surtout parce que la dernière publication du maître porte sur la Plaine de Montréal et parle donc de Saint-Jean par la même occasion.

Et là, les paroles de Blanchard paraissent tellement justes que l’hebdomadaire n’hésite pas à publier une longue citation sur l’affrontement entre la métropole et Saint-Jean…

Le futur juge Jean Frédérick, qui signe cette recension, se montre toutefois plus optimiste que Blanchard et se dit confiant que Saint-Jean a tous les atouts nécessaires pour exister et progresser encore longtemps.

80 ans plus tard, c’est lui qui semble avoir eu raison.

mardi 28 janvier 2020

LA DANSE DES POIVROTS



En ces petites heures du 25 janvier 1910, la vie est belle pour ces 3 ivrognes – 2 hommes et une femme – qui chantent à tue-tête dans les rues de Saint-Jean.

Ils font, en fait, un tel tapage qu’un citoyen de la rue Champlain, ennuyé d’avoir été réveillé par ce boucan, appelle la police.

3 gendarmes sont immédiatement dépêchés sur place, ce qui fait tout de suite fuir  la dame.

Quant aux deux hommes – des militaires de la garnison de cavalerie – ils se mettent en position de défense et luttent à coups de fouet contre leur arrestation.

Peu solides sur leurs jambes, cependant, ils sont rapidement maîtrisés, arrêtés et menés au poste.

Quant à la dame, connue sous le nom de Ruby Pendleton, sa fuite a alerté un autre policier qui passait par là et elle fut immédiatement appréhendée elle aussi.

Elle avait d’autant plus attiré l’attention qu’elle avait déjà un casier judiciaire bien garni, notamment pour des faits de vagabondage, justement.

Eu égard à ses antécédents, elle écopa d’une amende de 50 dollars[1] et de 6 mois de prison.

Quant aux deux militaires – Hilaire Osborn et Benjamin Hartland -  le juge fut plus clément à leur égard et se contenta de leur infliger une peine d’un mois de prison même si, en plus de leur vagabondage, ils avaient résisté à leur arrestation.

Le féminisme n’était pas encore passé par là.


[1] Ce qui correspond à une amende de plus de 1 000$ en monnaie de nos jours

mardi 21 janvier 2020

LA FUSION


Canada français, 21 janvier 1970

Ça y est.  Depuis le temps qu’on en parle, la Cité de Saint-Jean et la municipalité de la paroisse de Saint-Jean l’Évangéliste ont finalement accepté, en ce début 1970,  de fusionner.
Les négociations auront traîné en longueur, notamment parce que la municipalité de paroisse tenait mordicus à siéger au Conseil de la municipalité provisoire, ne serait-ce que pour examiner le futur projet de budget.
En effet, la paroisse, comme on l’appelle communément, a accumulé un important déficit qui dépasse les 50 000$[1], déficit qui entraînera forcément une hausse des impôts fonciers locaux.
Il s’agit de tout faire pour que l’odieux de cette augmentation ne retombe pas trop sur l’ancien conseil.
Cet obstacle a finalement été levé, le 19 janvier,  et les deux conseils, chacun de son côté, ont adopté une résolution demandant à Québec de formaliser la fameuse fusion.
Dès ce moment, les choses se déroulent rondement et le gouvernement adopte, le 11 mars suivant, le décret 1046 promulguant la fusion des deux entités sous le nom, non plus de cité mais sous celui de Ville de Saint-Jean.
Il y est prévu que des élections générales se tiendront dès le mois de novembre suivant et que la nouvelle ville prendra à sa charge les dettes des deux entités précédentes.



[1] Équivalant à plus de 328 000 $ de nos jours.