mardi 9 février 2016

QUERELLE D’ANCÊTRES

Au Québec, les deux plus anciens journaux encore en circulation sont respectivement le
Courrier de Saint-Hyacinthe, fondé en 1853 et où Honoré Mercier a fulminé ses dénonciations contre le projet de confédération, et le
Canada Français, fondé par Félix-Gabriel Marchand, en 1893, mais qui fait remonter sa naissance à 1860 grâce à sa fusion avec le Franco-Canadien, né à cette date…



Tous deux étaient officiellement des feuilles « libérales », mais le Courrier était nettement plus « rouge » que le Canada français et défendait des positions nettement plus avancées, notamment en matière d’indépendance envers le clergé catholique.

Et, le 8 février 1896, cette « nuance » a valu au Courrier une philippique d’une rare vigueur de la part du Canada Français.


Accusé de voltairianisme – grave accusation au 19e siècle québécois – le Courrier est également accusé de s’abreuver aux pages de journaux révolutionnaires et anticléricaux français tels « Le Père Duchêne », « l’Intransigeant » et « La Lanterne* ».

Lancer des telles dénonciations n’a rien d’innocent en une période où les ultramontains tiennent le haut du pavé politique et tâchent de tout leur poids d’imposer les autorités catholiques au-dessus du gouvernement démocratiquement élu.

Pas même besoin de connaître la teneur de l’article à l’origine de cette diatribe colorée pour comprendre que le torchon brûlait ardemment dans le « giron libéral » à la fin du 19e siècle.

Assez curieusement, la colère semble avoir été si intense que le journal est daté du vendredi 8 février 1896 alors que le 8 février 1896 était en réalité un samedi…


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*On peut noter que «La lanterne» était également le titre d'un journal publié par Arthur Buies, autre bête noire des ultramontains.