mardi 23 juillet 2019

CHAMBLY


Fort de Chambly       source :Wikipédia

Été 1979.  Ottawa annonce enfin son intention de remettre en valeur le fort de Chambly, qu’il a si longtemps oublié, et de lui redonner autant que possible l’allure qu’il avait vers la fin du régime français.
On se souviendra que le premier fort, en rondins, a été érigé en 1665 par un détachement du régiment de Carignan sous le commandement de Jacques de Chambly et que le fort de pierre, lui, a été construit de 1709 à 1711 pour faire face à la guerre qui faisait alors rage en Amérique du Nord. 
Conçu pour résister à des tirs d’artillerie légère, il perdra sa vocation proprement militaire à compter de 1731 pour servir essentiellement d’entrepôt jusqu’à la catastrophe de 1760.
Les forces d’occupation anglaises s’en serviront assez peu et en 1851 il sera officiellement abandonné, ce qui a donné le signal de sa dégradation accélérée.

C’est alors qu’entre en jeu un fils de Chambly Bassin, Joseph-Octave Dion (1838-1916).
Ayant entamé une carrière de journaliste à Montréal, il se fait nommer correspondant de La Minerve à Chambly en 1866.
Déjà très soucieux de la préservation et de la valorisation de la culture canadienne-française, il se scandalise de l’état de dégradation du fort, pourtant haut lieu de l’histoire locale et nationale de son peuple.
Sa vocation est née : il va consacrer le reste de ses jours à la conservation de ce bijou déclassé.
Il va donc s’instituer gardien de l’ouvrage, s’y installer à demeure et organiser des visites commentées tout en sollicitant les mécènes privés pour financer les travaux nécessaires.
Pour mieux faire connaître cette richesse insoupçonnée, il va publier en 1875 un guide officiel intitulé Notes archéologiques : le Fort de Chambly, 1709 à 1760.
Source : archive.org
Parallèlement à cette œuvre, il lance en 1879 l’idée d’ériger une statue en l’honneur de Charles-Michel d'Irumberry de Salaberry, seigneur de Chambly-Ouest et héros de la guerre de 1812 contre les Étatsuniens.
En inaugurant le monument, en 1881, il réussit à convaincre les fédéraux de mettre la main à la pâte et de consacrer des fonds publics au maintien du vieux fort.
Il aura réussi presque tout seul à conserver pour l’avenir ce trésor du passé et il aura fallu attendre 1979, 63 ans après le décès de M. Dion, pour qu’Ottawa se réveille et accepte de reprendre le flambeau…