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Canada français, 6 mars 1903 |
En cette fin
d’hiver 1903, l’humeur est
massacrante au journal Le Canada Français.
La raison :
les Canadiens français, pourtant largement majoritaires à Saint-Jean, viennent
de se donner un maire anglophone.
L’homme
d’affaires Charles Robert Cousins, qui siégeait déjà comme conseiller municipal
depuis 13 ans, vient d’enlever la mairie.
Pour enrager
encore plus la publication de feu Félix-Gabriel Marchand, le News, un concurrent anglo-protestant, fait
mine de féliciter les Canadiens français pour leur remarquable ouverture
d’esprit et leur générosité envers la minorité.
Le nouveau maire
y est allé d’une tirade de même farine, contribuant à assombrir encore davantage
l’humeur de l’éditorialiste qui ajoute « cela ne ressemble-t-il pas
beaucoup aux gerbes de fleurs dont les païens couvraient leurs victimes avant
de les mener au sacrifice ? »
Il conclut que
ces éloges sont déplacés car la victoire ne serait attribuable qu’à « la
couardise de quelques meneurs aux sentiments cosmopolites et à l’échine de
caoutchouc. »
Il termine, dans
la langue de Shakespeare, par un dicton bien senti : « N’en rajoutez pas
une couche. »