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Source : biographi.ca |
Joseph-Israël Tarte a laissé l’image
d’un politicien professionnel qui a été beaucoup plus préoccupé de son
avancement personnel que du bien public.
Cette poursuite effrénée de la
réussite l’a amené à constamment se dédire, se contredire et à combattre ce qu’il
défendait la veille.
Elle l’a aussi amené à militer
dans les rangs de divers partis – le conservateur et le libéral notamment – ce qui
lui a apporté de solides inimitiés.
En 1896, par exemple, entré dans
le giron de Wilfrid Laurier, il ne réussit même pas à se faire élire dans
Beauharnois malgré la victoire éclatante des troupes libérales.
Il réussit alors à décrocher un siège
dans le comté de Saint-Jean-Iberville comme prix de consolation, prix de consolation
qui lui vaut quand même d’être nommé ministre des travaux publics, c’est-à-dire
préposé officiel au « patronage ».
Mais, malgré cette promotion, il
abandonnera sa circonscription dès les élections suivantes, en 1899, pour se
présenter dans Sainte-Marie, à Montréal.
Puis, il entreprend à nouveau de
se causer des ennuis.
Il trouve que les troupes de
Laurier sont trop molles lorsqu’il s’agit de protéger les Canadiens contre l’impérialisme
britannique et l’impérialisme étatsunien et il voudrait que les tarifs
douaniers soient haussés sensiblement pour protéger l’industrie locale[1].
Les libéraux lui semblent trop tièdes face
à cette idée alors, en 1902, il profite d’un voyage de Laurier en Europe pour
lancer, en tant que ministre fédéral, une vaste campagne de promotion en faveur
du rehaussement des tarifs.
Mal lui en prend, car, dès son
retour, Laurier exige sa démission en lui expliquant qu’il n’a pas à défendre
ainsi publiquement une politique qui n’a pas encore été arrêtée par le
gouvernement.
Bon joueur, il lui permet de
démissionner plutôt que d’être congédié, ce que Tarte fait publiquement dans une
lettre publiée notamment par le Canada français du 24 octobre 1902…
Puis, à peine cette épreuve terminée, il se
tourne à nouveau vers le parti conservateur dont il devient l’organisateur en
chef pour le Québec.
«Vire capot» par excellence, il ne se représente cependant plus aux
élections et il meurt le 18 décembre 1907, à l’âge de 59 ans.
[1]
On se croirait en pleine bataille contemporaine entre les tenants de la
mondialisation – qui y voient la voie de l’avenir – et les nationalistes qui y
voient la mort des nationalités et le remplacement des gouvernements par les
multinationales, les seules à vraiment en profiter.