mardi 6 septembre 2016

LA VASTE OFFENSIVE ANTI-QUÉBÉCOISE


Henriette Odin Feller


Il y a 180 ans débutait dans la Grande Ligne de Saint-Blaise une vaste offensive visant à faire disparaître la culture québécoise de l’Amérique du Nord.
 
Dans les faits, dès la conquête, les envahisseurs britanniques avaient souhaité que toute trace française disparaisse de leurs nouvelles possessions.

La menace d’invasion que faisaient planer les États-Unis exigeait toutefois que les forces d’occupation ménagent leurs « nouveaux sujets » de crainte de les voir se liguer contre elles.

Quelques « droits » constitutionnels furent donc concédés du bout des lèvres, à la fin du 18e siècle, mais avec l’arrière-pensée de les retirer à la première occasion.

Au début du 19e siècle, cette occasion semble se présenter, du moins aux yeux de la société biblique de Londres, une société missionnaire protestante.

Toutefois, il apparaît à cette organisation que de s’attaquer directement à la langue de la population française est une entreprise vouée à l’échec.

Il lui paraît plus judicieux d’envoyer d’abord des missionnaires protestants francophones, en se disant qu’une fois « protestantisés », les Québécois seront plus faciles à « angliciser ».

C’est dans cette perspective que deux protestants suisses francophones -Henriette Odin Feller et Louis Roussy – sont installés à la Grande Ligne.

Ils y sont accueillis à bras ouverts par le seigneur du lieu, William Plenderleath Christie, qui rêve lui aussi depuis longtemps d’angliciser ses censitaires francophones.

Très rapidement, avec l’aide financière généreuse de Christie et d’autres personnages très à l’aise, la mission de la Grande Ligne s'étend.


Dès 1890, un très vaste collège est prêt à accueillir des élèves francophones qu’il s’agira d’évangéliser massivement.

Il va de soi qu’en se faisant offrir un tel luxe
éducatif, la clientèle ne se fait pas attendre et dès 1902, l’institut Feller, comme il s’appelle, prend une nouvelle expansion et atteint carrément l’opulence.

Et, petit à petit, l’enseignement en français devient bilingue pour passer rapidement à l’unilinguisme anglais.

La véritable mission de l’institut s’affichait publiquement désormais.

Et l’aventure dura jusqu’en 1968, alors qu’un vaste incendie réduisit le collège en cendres.

Mais il avait atteint une bonne proportion de ses objectifs et de ceux de ses riches adeptes puisque même dans le petit cimetière Douglass, de Saint-Cyprien, on voit des pierres tombales portant des noms français, mais des inscriptions en anglais.


« Protestantiser » pour « angliciser » a assez bien fonctionné dans notre région avant le sursaut des années 1970…