Encore de nos
jours, il est bien connu que bien des gens sont des illettrés fonctionnels,
c’est-à-dire que même s’ils sont capables de lire les lettres des mots, ils ne
saisissent que très difficilement le sens de ce qu’ils lisent.
Au début du 20e
siècle, c’est l’illettrisme intégral d’une bonne partie de la population qui
inquiète et on déplore vivement les forts taux d’absentéisme scolaire notés dans la
population canadienne française.
C’est que presque
10 % des enfants d’âge scolaire ne mettent pour ainsi dire jamais les
pieds à l’école.
En 1919, des notables comme Édouard Montpetit,
le sénateur Raoul Dandurand et une centaine d’autres ont lancé un appel pour
l’imposition de l’école obligatoire, seule solution jugée capable d’assurer aux
Canadiens français un avenir plus brillant.
Et pourtant…
Bien que cette idée
semble aller de soi, il faudra attendre 1943 et le gouvernement d’Adélard
Godbout pour qu’une loi de l’instruction publique soit finalement adoptée, et
adoptée dans la controverse.
C’est ainsi, par exemple, que
notre député de l’époque, le bon « bleu » Jean-Paul Beaulieu a fait
une campagne tonitruante contre la loi.
À son avis, cette
loi va imposer un fardeau fiscal supplémentaire aux parents, ce qui « va
finir par leur faire détester l’école et prendre l’instruction en
aversion ».
Il s’en prend aussi
à l’imposition de sanctions aux parents qui, sans motif, gardent leurs enfants
à la maison.
Bref, il mène une
campagne proprement obscurantiste tout à fait déplorable.
Néanmoins, en 1945,
à peine deux ans plus tard, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honoris
causa et l’Université Laval l’imite en 1951…
Son combat contre
l’instruction ne semble pas trop lui avoir nui.