mardi 29 mai 2018

QUAND NOTRE DÉPUTÉ S’OPPOSE À L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE



Encore de nos jours, il est bien connu que bien des gens sont des illettrés fonctionnels, c’est-à-dire que même s’ils sont capables de lire les lettres des mots, ils ne saisissent que très difficilement le sens de ce qu’ils lisent.

Au début du 20e siècle, c’est l’illettrisme intégral d’une bonne partie de la population qui inquiète et on déplore vivement les forts taux d’absentéisme scolaire notés dans la population canadienne française.

C’est que presque 10 % des enfants d’âge scolaire ne mettent pour ainsi dire jamais les pieds à l’école.

 En 1919, des notables comme Édouard Montpetit, le sénateur Raoul Dandurand et une centaine d’autres ont lancé un appel pour l’imposition de l’école obligatoire, seule solution jugée capable d’assurer aux Canadiens français un avenir plus brillant.

Et pourtant…

Bien que cette idée semble aller de soi, il faudra attendre 1943 et le gouvernement d’Adélard Godbout pour qu’une loi de l’instruction publique soit finalement adoptée, et adoptée dans la controverse.

C’est ainsi, par exemple, que notre député de l’époque, le bon « bleu » Jean-Paul Beaulieu a fait une campagne tonitruante contre la loi.

À son avis, cette loi va imposer un fardeau fiscal supplémentaire aux parents, ce qui « va finir par leur faire détester l’école et prendre l’instruction en aversion ».

Il s’en prend aussi à l’imposition de sanctions aux parents qui, sans motif, gardent leurs enfants à la maison.

Bref, il mène une campagne proprement obscurantiste tout à fait déplorable.

Néanmoins, en 1945, à peine deux ans plus tard, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honoris causa et l’Université Laval l’imite en 1951…

Son combat contre l’instruction ne semble pas trop lui avoir nui.