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Le Richelieu à Saint-Jean |
En ce mois de mai 1911, l'heure est grave, car Québec
s'apprête à choisir le tracé définitif de la route qui doit relier Montréal à
Rouse's Point, dans le New York.
Or, Saint-Jean tient mordicus à ce que cette route passe
par son territoire.
La situation économique y est difficile. Sa population a
même régressé au début du siècle, passant de 4 700 personnes en 1891 à 4 000 à
peine en 1901.
En 1911, la situation s'est un peu rétablie grâce aux
efforts réussis pour attirer la multinationale Singer, mais il reste encore
beaucoup à faire.
Une chose est sûre, c'est l'unanimité qui règne
concernant cette affaire et le Canada Français y va même d'une pleine première
page pour exiger la route.
Bien sûr, tous lorgnent sur les attraits touristiques à
offrir tout le long du Richelieu et sur la riche bourse que l'on suppose aux
futurs visiteurs étatsuniens, visiteurs qui pourraient être tentés par l'achat
de maisons riveraines ou dont l’œil investisseur pourrait être intéressé par
des industries établies ou à établir dans la région…
Mais même sans l'apport des villégiateurs, la route
pourrait provoquer une hausse marquée de la valeur des maisons le long de son
parcours, sans compter qu'elle offrirait aux cultivateurs l'accès facile et en
tout temps aux gares ou aux marchés pour l'écoulement de leurs produits.
Les arguments ont évidemment porté puisque cette route
internationale tant désirée a été construite et elle porte de nos jours le
numéro 223.
Prolongeant la route 11 du New York au poste de Rouse's
Point, elle longe la rive gauche du Richelieu jusqu'à Sorel-Tracy.
Qualifiée désormais de « toute première route
touristique officielle transfrontalière entre le Québec et le New York »
elle offre en effet une grande richesse et une grande variété de lieux
historiques et patrimoniaux à visiter.