
La Société propose ici de courts textes relatant des faits marquants de notre histoire régionale ainsi que de brèves biographies de personnages ayant façonné, hier, notre société d'aujourd'hui. NOTE IMPORTANTE : La publicité qui paraît désormais dans nos pages n'est pas de notre fait et nous ne la cautionnons en aucune manière.
lundi 25 décembre 2017
mardi 19 décembre 2017
ENSEIGNER EN PRISON...
![]() |
Soeur Blondin - Archives de la communauté |
En 1850, Esther Blondin fonde à
Vaudreuil la communauté des sœurs de Sainte-Anne à la fois pour former les
futures enseignantes des écoles de rang et pour enseigner elles-mêmes afin de relever le
niveau jugé désastreux du système scolaire.
Dès l’année suivante, la
communauté entreprend de s’installer dans les villages avoisinants et en 1857
elle arrive déjà dans la paroisse de Saint-Cyprien-de-Napierville où les a
invitées le curé Charles-François Calixte Morisson.
Elles s’y installent dans l’ancienne
chapelle et connaissent rapidement le succès, même si à cette époque elles ne
peuvent accueillir de pensionnaires.
Malgré ce handicap, elles vont
former des centaines d’élèves – et même susciter de nouvelles vocations – au cours
des années.
Au mois de décembre 1886, toutefois,
la catastrophe frappe et la chapelle est entièrement détruite par le feu qui a
également ravagé l’église Saint-Cyprien et deux maisons voisines.
La désolation est évidemment très
grande, mais pas question de quitter les lieux vu le succès immense de l’institution
et les attentes innombrables qu’elle a fait naître.
Hélas ! Les immeubles disponibles ne sont pas légion
au village, alors c’est sur la prison installée dans le palais de justice qu’il
faut se rabattre en attendant la construction d’un édifice spécialement conçu pour
répondre aux besoins modernes en matière d’enseignement et d’internat de jeunes
filles.
Durant plus de deux ans donc,
religieuses et élèves devront endurer un surcroît d’inconfort derrière les
barreaux pour assurer la transmission du savoir.
Heureusement pour elles, le
nouveau couvent devient disponible en 1889.
Il a été érigé en même temps que l’on reconstruisait l’église.
Inauguré le 1er
septembre de cette année, il restera en service jusqu’en 1989, année où il a
été vendu à un promoteur qui l’a transformé en résidence pour personnes âgées.
mardi 12 décembre 2017
À BIDDEFORD, MAINE, UN DES NÔTRES...
À la fin du 19e
siècle, s’est installé à Biddeford, sur la Saco, dans le Maine, pas très loin
de Old Orchard, un journaliste de choc bien de chez nous.
Alfred Bonneau, un Johannais
né en 1862, formé au droit et à la comptabilité, s’est trouvé si dégoûté de la
Confédération canadienne et de ses volontés ethnocides contre les
Canadiens-français qu’il décide, en 1889, d’émigrer dans le Maine aux
États-Unis.
Là, il s’intègre rapidement
aux milieux canadiens-français influents et durant 4 ans, de 1889 à 1893, il se
fait journaliste au journal L’Étoile,
de Lowell.
Ceci lui permet de mieux
saisir encore le sort tout à fait inacceptable imposé aux siens et le pousse à
s’impliquer dans divers organismes voués à la « survivance » de notre
peuple.
En 1893, il accepte la
direction de L’Observateur de
Biddeford où il peut lancer toute la dureté de sa plume contre les Anglo-saxons
qui dominent le continent.
Pour lui, «cette race, issue de
criminels, d’indigents et de prostituées ne s’est enrichie que par le viol, la
spoliation, le massacre, la traite des esclaves, la vente du rhum aux Indiens
et la contrebande.»
Rien ne peut vraiment
la racheter.
Ces volées de bois vert lui
valent évidemment de nombreux applaudissements dans les milieux qui comptent et
lui permettent notamment d’obtenir la main d’Anna Tétrault, fille de Narcisse Tétrault, boulanger, pâtissier et influent
homme d’affaires du lieu.
Tiré de «Le guide français de la Nouvelle-Angleterre» |
Solidement en selle
désormais, il fonde La Justice qu’il
dirigera jusqu’à sa mort en 1920 et dont il fera à la fois un organe de
diffusion culturelle canadienne-française, de lutte pour la « survivance»
et de combat contre la bâtardise des anglo-protestants étatsuniens de même
que contre les évêques irlandais tous tournés vers la disparition pure et simple du
fait français.
Alfred Bonneau mènera ces
combats jusqu’à sa mort en 1920, ayant notamment milité dans la commission
scolaire, à l’assistance publique, au Conseil Chagnon de l’Union
Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, à la Société historique franco-américaine ainsi
qu’à la Société Saint-Jean-Baptiste de Bienfaisance et des Artisans.
La réputation de M. Bonneau
s’étendait évidemment jusqu’au Québec et le Canada Français n’a notamment pas
manqué de souligner, le jeudi 14 décembre
1893, sa prise en main de L’Observateur.
mardi 5 décembre 2017
LE FRÈRE DE LOUIS-JOSEPH...
![]() |
Louis-Joseph Papineau |
Louis-Joseph Papineau est très avantageusement connu en raison des
luttes épiques qu’il a menées, au 19e
siècle, contre les occupants anglais pour leur faire reconnaître le
gouvernement responsable ainsi que les droits démocratiques de la majorité
canadienne-française.
Très soutenu et prisé par son peuple, il a néanmoins dû s’exiler
pour échapper aux persécutions qui l’attendaient aux mains des despotes
anglo-saxons.
Tout cela est assez bien connu, mais qui sait encore que son frère
cadet, Toussaint-Victor (Montréal 1798-Pointe-aux-Trembles 1869), a préféré le
sacerdoce aux luttes politiques et qui sait encore qu’il a été curé chez nous,
à Saint-Luc, durant deux ans ?
En fait, de dire qu’il a préféré la prêtrise est un bien grand mot,
car il a longtemps hésité et n’a cédé qu’au terme d’un long débat intérieur.
Et même une fois son choix arrêté, il semblait encore si hésitant
que son cousin, Jean-Jacques Lartigue, premier évêque de Montréal, a
sérieusement tenté de le dissuader, car il venait d’une famille de libres
penseurs entichés de la philosophie des Lumières.
Après avoir été refusé par le séminaire de Baltimore, il s’inscrit
au Grand séminaire de Québec où sa négligence et son impiété ne passent pas
inaperçues.
Il est quand même ordonné prêtre le 20 septembre 1823, à 25 ans, et
est immédiatement nommé vicaire à Chambly en même temps que prêtre desservant
Saint-Damase-sur-Yamaska (1823-24).
Il est ensuite déplacé de paroisse en paroisse jusqu’en 1842, alors
qu’il est nommé curé de Saint-Luc.
Son action, là, ne semble pas avoir laissé de traces durables, si ce
n’est que son premier acte officiel date du 24 septembre 1842 et son dernier du
22 septembre 1844, presque deux ans plus tard jour pour jour.
Il occupera encore les cures de Saint-Marc et de Saint-Barthélémy
avant de prendre sa retraite en 1861.
Il se retire alors chez les Dames de la Congrégation à leur couvent
de la Pointe-aux-Trembles où il meurt en 1869, deux ans avant son célébrissime
frère.
mardi 28 novembre 2017
ALCOOL ET ASSURANCES...
C’est bien connu : le Québec n’est pas du tout comme le reste de
l’Amérique du Nord.
En 1921, le gouvernement d’Alexandre
Taschereau en donnait une nouvelle preuve en adoptant la Loi sur les boissons
alcooliques qui créait la Commission des liqueurs de Québec (ancêtre de la SAQ
actuelle).
Alors que la prohibition sévit
tant aux États-Unis qu'au Canada et qu'elle contribue à faire naître de puissantes mafias et de vastes réseaux de contrebandiers, le Québec ne se contente pas d’autoriser la vente
d’alcool, mais il s’en réserve même le monopole commercial.
Puis, pour protéger ce monopole, la
même loi crée la police des liqueurs[1]
dont le premier nom officiel fut « Service de surveillance de la Commission des
liqueurs ».
Et il faut dire que ces policiers
ont eu fort à faire[2],
car le monopole étatique était fort mal vu de tous ceux qui misaient sur les
alcools pour épaissir leur portefeuille.
Les journaux font d’ailleurs
souvent référence aux interventions des agents de l’ordre pour faire respecter
toutes les interdictions prévues par la loi et il va de soi que nombre d’infractions
n’ont été ni découvertes ni sanctionnées.
C’est d’ailleurs l’argument que
servira Alphonse Tougas, en 1922, dans sa poursuite contre la compagnie d’assurance
« La Moderne », laquelle ne voulait pas l’indemniser pour l’incendie
qui avait détruit sa beurrerie d’Henryville.
En défense, la compagnie
alléguait que la beurrerie abritait un commerce clandestin de vente d’alcool et
que ce commerce avait fait augmenter le risque, ce qui annulait la police d’assurance.
Assez habilement, M. Tougas
assura alors qu’il n’avait jamais eu connaissance de ce commerce clandestin et
qu’on ne pouvait pas le blâmer pour cette ignorance puisque la police des
liqueurs elle-même n’arrivait pas à identifier tous les contrevenants.
Le juge accepta cet argument et
ordonna donc à la compagnie de payer l’indemnité prévue par la police d’assurance,
soit 3 000$.
Comme quoi l’inefficacité
supposée de la police des liqueurs était une opinion bien partagée.
[1] Les
agents de la police des liqueurs seront intégrés à la Police provinciale –
ancêtre de la SQ – en 1938.
[2] http://histoirehautrichelieu.blogspot.ca/2017/03/est-pris-qui-croyait-prendre.html
[3] Bien qu'approuvé par l'État, l'achat et la vente d'alcool avaient quand même un caractère quelque peu honteux. C'est pourquoi, durant de très longues décennies, les bouteilles étaient cachées derrière un comptoir grillagé où les clients n'avaient pas accès. C'étaient des préposés qui livraient l'achat - une seule bouteille à la fois - dans un sac de papier, supposément pour protéger le caractère quelque peu secret de la transaction...
mardi 21 novembre 2017
VOL AUDACIEUX
Le village de Napierville n’a pas
toujours été le petit bourg assoupi qu’il est devenu de nos jours.
En novembre 1907, par exemple, il
a connu un vol de banque explosif.
Presque en face du couvent des Sœurs de
Sainte-Anne[1] se
dressait alors une succursale de la Banque de Saint-Jean[2],
un peu en retrait dans cette rue de l’église assez peu développée à l’époque.
En cette nuit du 14 novembre, une
bande malfaiteurs grimpe jusqu’au logement de fonction que le gérant de la
banque, Charles Brault, et son épouse occupent au-dessus de l’institution et enjoignent
à Brault de se dépêcher d’aller leur ouvrir le coffre.
Contrairement aux consignes de
maintenant qui interdisent aux employés de banque de tenter quoi que ce soit
pour empêcher les vols armés, Brault saute à la gorge d’un des bandits et ne
lâche prise que lorsqu’un autre brigand lui assène un solide coup de marteau
sur la tête.
Lui braquant ensuite un pistolet
sur la tempe ils lui intiment l’ordre de descendre dans la succursale et de
leur ouvrir le coffre-fort.
Bientôt à pied d’œuvre, Brault
tourne le bouton et agite la poignée, mais alléguant le méchant coup qu’il a
reçu sur la tête il se dit incapable de se remémorer la combinaison.
Les truands décident alors de
recourir à la dynamite et rapidement, après avoir disposé des coussins pour
amortir le bruit de l’explosion, ils font sauter la porte et se sauvent en
emportant plus de deux mille dollars, principalement en billets émis par la banque…. dont la valeur
allait s’évaporer sous peu.
[1]Sis
rue de l’Église, il est devenu une résidence pour personnes âgées en 1998.
[2] Qui
fit une banqueroute scandaleuse l’année suivante... Voir notamment http://histoirehautrichelieu.blogspot.ca/2016/01/le-mouton-noir-de-henryville.html
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