À
l’automne 1835, un journal de combat protestant, de New York, l’American Protestant Vindicator, lance
une nouvelle et violente salve contre le catholicisme bien en selle au Québec : c’est
l’affaire Maria Monk.
Selon
cette publication, Maria Monk, ancienne postulante d’une communauté de femmes
de Montréal, aurait fui aux États-Unis pour se soustraire aux indignités que
lui faisaient subir l’évêque, Mgr Jean-Jacques Lartigue, et une cohorte de 5
prêtres.
Elle
aurait également fui après avoir été forcée d’assassiner, avec d’autres sœurs
de la communauté, une postulante qui ne voulait pas se soumettre aux
exigences des prêtres.
L’affaire
fait grand bruit quelque temps, mais le 24 octobre, le journal montréalais L'Ami du Peuple, de l'Ordre et des Lois
fait part de son enquête : Maria Monk est une aventurière et la concubine
d’un pasteur méthodiste, elle est payée pour répandre sa fable et elle n’a
jamais été sœur à Montréal.
Malgré
tout, un ouvrage est publié et tiré à 300 000 exemplaires sous le titre Horribles exposés des crimes commis au
couvent de l'Hôtel-Dieu de Montréal.
Hôtel-Dieu de Montréal au début du 19e siècle. |
Tout
cela s’intégrait dans le combat fanatique lancé par les protestants étatsuniens
dans l’espoir de freiner l’essor de l’église catholique au sud du 45e
parallèle et faisait suite à l’attaque meurtrière lancée, le 11 août 1834
contre le couvent des Ursulines à Charlestown, en banlieue de Boston.
Dans ce «roman», Maria Monk continuait son travail de sape contre le «
papisme ».
Elle
se présentait comme née à Saint-Jean, à une date qu’elle ne précisait pas, de
parents écossais et protestants.
Elle
serait convertie assez jeune et aurait souhaité suivre sa vocation à
l’Hôtel-Dieu et c'est là qu'elle aurait appris assez vite que les prêtres du séminaire y avaient leurs
habitudes et que les enfants nés de ces relations étaient immédiatement baptisés puis étranglés.
Mais
avec le succès de son livre, vinrent les convoitises. Les
poursuites judiciaires se sont multipliées pour partager les bénéfices, et c'est ce qui a permis de faire la lumière
sur la fraude.
Une
enquête démontra que Maria Monk était bien née à Saint-Jean, en 1817, mais
qu’un accident de son enfance lui avait fait subir des séquelles neurologiques
graves qui l’ont confinée à l’asile de la Madeleine, de Montréal.
La
description du couvent de l’Hôtel-Dieu qu’elle avait faite correspondait en fait à
l’immeuble de cet asile.
Une
fois l’enquête terminée, Maria Monk, peu rentable désormais, fut abandonnée par ses complices, qui
l’avaient d’ailleurs dépouillée de tous ses biens.
Elle
vécut quelque temps de la prostitution et, demi démente, mourut à New York en
1849 à l’âge de 32 ans.
Sa
fable diffamatoire continua quand même, malgré sa fausseté avérée, d’être
colportée encore longtemps.
Même
Chiniquy, le prêtre apostat, la relança dans ses Mémoires.
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