Au 19e siècle,
le Conseil municipal de Saint-Cyprien[1]
ne badinait pas avec la discipline.
À preuve, ce règlement du
1er octobre 1866 qui imposait amendes salées et même emprisonnement
pour la fabrication de pains de mauvaise qualité…
Dorénavant, les pains fabriqués dans le village devaient être faits « de farine de
froment bonne et saine», être moulés en demi-pains de 3 livres ou de pains
entiers de 6 livres et porter les initiales du boulanger.
Quiconque contrevenait à l’une
ou l’autre de ces dispositions s’exposait à la confiscation de tous les pains en
infraction et à une amende de « vingt piastres » ou à un
emprisonnement de trente jours.
Le règlement désigne en outre le
boucher Antoine Richard comme inspecteur chargé de l’application dudit
règlement et, dès la réunion suivante du Conseil le 3 décembre, les élus sont
saisis de 3 cas de confiscation.
Les pains de Jean-François
Laviolette, Narcisse Courville et William Gervais, jugés non-conformes, ont été pris par Antoine Richard et distribués aux pauvres, ce qu’approuvent les
Conseillers.
Malgré cette approbation, les élus décident de rembourser 3 pains et demi à William Gervais.
Quant à Narcisse
Courville, il a payé «dix-sept piastres et douze centins».
Pas un mot de Laviolette
Mais là où cela devient
intéressant c’est que ce William Gervais, qui a été remboursé, est lui-même un employé municipal
puisqu’il est inspecteur des chemins publics pour l’arrondissement no. 2[2]
…
Mieux encore, l’inspecteur
du pain est aussi inspecteur de la
voirie.
S'est-il agi là d'une querelle entre collègues? Mystère!
Mais voyons la suite.
Antoine Richard devait
s’assurer de la véracité du poids des pains vendus dans le village et, à cette fin, il a acheté chez Morier, Marceau et cie une
«balance patentée» au prix d’une
livre, dix-sept chelins et trois deniers.
Il a évidemment demandé
d’en être défrayé et lors de sa session du 1er avril 1867, le Conseil autorise
le secrétaire-trésorier à verser cette somme «aussitôt qu’il aura en mains des
fonds disponibles appartenant à la Municipalité».
La même résolution prévoit
que l’inspecteur Richard remettra ladite balance à la municipalité lors de sa
sortie de charge.
Puis ce sujet disparaît
des procès-verbaux jusqu’au 22 janvier 1872.
Antoine Richard signale à cette occasion qu’il occupe le poste d’inspecteur du pain depuis quatre ans déjà et
qu’il n’a encore reçu aucune rémunération.
En conséquence, il demande
une rétribution de 100$ pour couvrir son salaire de quatre ans.
Après délibération, le
Conseil municipal ne lui refuse pas seulement son salaire, mais le remercie
tout de go de ses services...
[1] Il
est à noter qu’entre les années 1855 et 1873, le village de Saint-Cyprien
englobait l’agglomération de Napierville, laquelle avait demandé d’être annexée.
[2]
Livre des minutes no 2
de Saint-Cyprien, du 02-04-1866 au 01-05-1876.
L’arrondissement no 2 dont William Gervais était responsable comprend « la
partie nord du village de Napierville, savoir les rues Christie, Burton, la rue
de communication entre ces deux rues et Douglass street. »
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