Vouloir
étaler publiquement son statut social et montrer que l’on a mieux réussi que le
voisin est sans doute l’une des manies humaines les plus répandues et les
couples du Haut-Richelieu n’y ont pas plus échappé que ceux d’ailleurs.
La
cérémonie du mariage a longtemps été une bonne façon d’arborer sa prospérité[1].
La
manière de décorer l’église avec ostentation, le luxe des habits, l’amplification
du nombre d’invités : tout concourait à faire comprendre le message.
Mais il
existait aussi un jeu plus subtil.
Le
choix du samedi comme jour d'union n’était pas imposé par l’église, mais dès
le 19e siècle, le mariage ne peut-être célébré après 10 heures du matin, car
tant le prêtre que tous les participants doivent être à jeun.
S’institue
alors la coutume de faire payer plus cher le mariage de fin de matinée,
laissant à la cérémonie de la levée du jour la réputation d’une union « à
rabais »…
Bref,
pour « faire riche », il faut se marier tard.
Dans le Haut-Richelieu, cette
coutume ne prendra fin qu'au début des années 1960.
En
1964, en effet, l’évêque de Saint-Jean, Mgr Gérard-Marie Coderre, permettra les
mariages en après-midi, mais avec des réserves toutefois.
Connaissant
la réputation des mariages tardifs et souhaitant la briser, il va jusqu’à interdire,
dans son mandement, que cela serve à la création d’une nouvelle classe de
mariage…
4 ans
plus tard, le Québec imposait le mariage civil comme seul authentique et
laissait aux églises les célébrations purement religieuses.
Cette
transition s’est faite sans heurt, car les citoyens avaient déjà amorcé l’abandon
de la pratique.
De plus en plus, le mariage à l'église ne faisait que simple figure de rite de passage.
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