En ce mercredi 6 janvier 1937, l’émotion
est grande.
Pas seulement à Montréal et au
Québec, mais aussi un peu partout en Amérique du Nord et en Europe.
C’est que le Frère André, portier
de son état, vient de mourir, laissant dans le deuil tous ceux qui ont cru à
son miraculeux pouvoir de guérir les maladies les plus récalcitrantes grâce à
la prière.
Dès le lendemain, le Canada
Français consacre à cette perte une bonne partie de sa Une.
Le Frère André, de son vrai nom
Alfred Bessette, n’est-il pas un « petit gars du coin » ?
Fils du bûcheron Isaac Bessette,
il est en effet né à Mont-Saint-Grégoire puis a grandi à Farnham et à
Saint-Césaire.
Affligé d’une faible constitution
et d’une santé fragile, il fréquente fort peu l’école et va de ville en ville à
la recherche d’un quelconque métier.
Il se rend même travailler dans les grandes
filatures de la Nouvelle-Angleterre.
À 25 ans, de retour au Québec et
toujours
insatisfait des emplois auxquels son illettrisme le condamne, il se
présente à la congrégation Sainte-Croix dont le noviciat se trouve au collège
Notre-Dame, planté au pied du Mont-Royal de Montréal.
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Collection BANQ |
Là aussi son manque d’instruction
et sa santé délicate font problème, mais sa piété est telle qu’elle prévaut sur
tout.
C’est que le Frère André – c’est
le nom religieux qu’il s’est choisi – s’impose de constantes privations, porte une ceinture à pointes de
fer et s’arrête à tout instant et en tout lieu pour prier en mettant les bras
en croix.
Cette particularité, jointe à une
humilité sans borne, le fait vite remarquer et déjà on lui attribue la guérison
de deux collègues.
Il n’en faut pas plus pour que sa
renommée déborde d’abord sur le quartier environnant puis un peu partout au
monde.
L’afflux des pèlerins ne cesse de
croître et le Frère André en profite pour les initier au culte de Saint-Joseph.
Contents de son accueil, ils lui
laissent des dons en argent ou en nature qu’il va utiliser pour réaliser son
rêve : ériger un vaste oratoire sur
la montagne.
Il a déjà fait construire
une petite chapelle qui a dû être agrandie 4 fois et il songe maintenant à
quelque chose de véritablement approprié à cette demande qui ne cesse de
croître.
La construction de la basilique –
qui deviendra la deuxième plus grande église catholique au monde, après
Saint-Pierre de Rome – débute en 1924 et se terminera en 1967, longtemps après
la disparition de son promoteur infatigable.
Tout cela explique l’immense
émotion suscitée par son décès, émotion qui mènera même à la signature de diverses
pétitions par 10 millions de personnes réclamant la canonisation du thaumaturge.
Ce sera chose faite en 1982 par
le Pape Jean Paul II.
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