Nous reprenons aujourd’hui –
en le synthétisant – un long article paru dans le quotidien Plattsburgh
Press-sentinel du 11 septembre 1957 pour marquer la victoire historique des
Étatsuniens contre les troupes britanniques d’invasion.
Après une interruption de 32
ans, la ville de Plattsburgh elle-même reprenait le flambeau de la
commémoration de cette geste historique majeure.
L’ENNEMI VENAIT DU CANADA
FORT DE 14 000 HOMMES
Il y a deux cents ans – du 6
au 11 septembre 1814 – Plattsburgh et ses environs sont entrés dans
l’histoire. Là s’est déroulée la
bataille ultime entre deux armées anglo-saxonnes.
Les 6 derniers jours de la
guerre de 1812 se sont terminés là – le 11 septembre
1814 – par la victoire décisive remportée par le contre-amiral Thomas
Macdonough dans la baie de Cumberland contre une flotte britannique supérieure
en nombre.
[...]
La seconde guerre contre les
Britanniques fut proclamée par le président James Madison, le 17 juin, 1812,
mais la nouvelle n’en parvint à Plattsburgh que le 17 juillet.
Le commerce avec le Canada
devint immédiatement illégal et l’armement des navires de douane
fut renforcé en empruntant des armes à feu à l’arsenal de l’État à Plattsburgh.
[...]
Quant à l’ennemi, il ne se
manifesta que l’année suivante.
Le 2 juin 1813, au matin, le
lieutenant Sidney Smith, à la tête des corvettes « Growler » et
« Eagle » prend en chasse des navires britanniques et les repousse
jusqu’à l’Île aux Têtes, de l’autre côté de la frontière, où, après de violents
engagements, ses deux navires sont capturés.
Ces navires furent ajoutés à
la flotte d’invasion composée aussi de galères à rames, forte de 1 400 hommes
et dont la mission consistait à détruire le maximum de bâtiments publics et
d’entrepôts appartenant au gouvernement des États-Unis.
[Laissée à elle-même, la
milice renonce à engager le combat et se replie rapidement.]
En revenant en ville, le
lendemain, les miliciens ne trouvèrent que ruines, les édifices publics et
nombre de bâtiments privés ayant été détruits.
Même le cantonnement de Pike, à 3 kilomètres en amont sur la Saranac
avait été attaqué.
Ayant quitté Plattsburgh,
l’ennemi prit terre sur le côté est de la péninsule de Cumberland et détruisit
l’entrepôt gouvernemental situé à côté de la maison Hagar.
[...]
Au printemps 1814, le
secrétaire à la guerre
ordonna au général Izard de fortifier « Rouses Point » afin
d’empêcher les incursions ennemies dans le lac.
Loin de se conformer, Izard
indiqua qu’il préférait s’installer dans la péninsule de Cumberland, où il
érigea le « Fort Izard », dont les ruines sont encore visibles tout
près de la vieille ferme Tabberah, tout juste au nord du carrefour menant au
traversier.
En même temps, Izard
entreprit de faire construire des forts au sud du village. Ce sont les forts Moreau, Brown et Scott.
Le fort Moreau, le plus
imposant des trois, occupait une crête sise entre la rivière et le lac. Quant au fort Scott, il était situé un peu à
l’est du premier. (Ces deux forts ont été arasés, en 1892, pour faire place au
terrain d’exercices de la garnison.)
Pour sa part, le fort Brown était
situé à l’ouest de la rue Peru, tout juste au nord du cimetière catholique et
en face de l’entrée nord de la base militaire.
[...]
En août 1813, le général
Izard fut envoyé sur le front ouest, laissant la défense de Plattsburgh au seul
général Alexander Macomb et ses 2 500 hommes. Macomb retira immédiatement ses forces de la
péninsule Cumberland et les posta au sud du village.
Au même moment, 6 000
hommes de troupes se trouvaient à Champlain et 3 000 autres à Chazy. Quant à Macomb, il prit ses quartiers d’hiver
à 3 kilomètres au nord de Chazy.
Quand la campagne militaire
s’ouvrit en 1814, les civils vivant près de la frontière se réfugièrent encore
à Peru.
Au mois d’août, un
contingent britannique de 1 000 hommes s’approcha. Or, il ne restait plus que 100 soldats
étatsuniens sous le commandement du colonel Riley à Chazy. Devant un tel déséquilibre des forces, Riley
ordonna le repli.
Quelques jours plus tard, un
raid indien vint à Chazy, mais sans faire de dégâts et, le 31 août, l’armée
britannique commandée par le général Brisbane installa son bivouac sur la rive
nord de la Grande Chazy, ce qui poussa le général étatsunien Benjamin Mooers à
ordonner le repli en masse des milices des comtés de Clinton et d’Essex.
Le 2 septembre, le
lieutenant-colonel Thomas Miller, à la tête de ses miliciens, prit position le
long du chemin Beekmantown, près de Chazy.
Le lendemain, 14 000
hommes de troupe britannique franchissaient la frontière et se lançaient vers
Champlain. Le 4, ils partaient vers
Chazy.
La flotte britannique
entrait dans le lac Champlain. Elle
était dirigée par le capitaine George Downie et la flotte américaine par le
commodore Thomas Macdonough.
L'objectif des envahisseurs était d’attendre que
la flotte britannique détruise la flotte américaine, à Sackett's Harbour, dans
le lac Ontario, puis d'aller de l'avant
en attaquant les 4000 hommes stationnés à Plattsburgh.
Le 5, l’aile droite de
l’armée britannique, commandée par le colonel Wellington (neveu de lord
Wellington), arriva à Chazy Ouest tandis que l’aile gauche empruntait l’actuelle
route 9.
Durant la nuit, l’aile
droite campa à 3 kilomètres au nord de Beekmantown Corners sur une terre connue
maintenant comme la ferme Scribner, mais qui appartenait à Miner Lewis à
l’époque.
Le matin du 6, un corps de
la milice d’Essex, commandée par le colonel David B. McNeil, rencontra les
forces britanniques tout juste au nord de là.
Après une courte
escarmouche, la milice se retira au sud de Beekmantown Corners, où elle fut
rejointe par les troupes du major John E. Wood.
Un nouvel accrochage eut
lieu et plusieurs miliciens furent blessés; la milice se retrancha alors à la
colline Culver. Là se trouve une plaque
portant l’inscription suivante : « Colline Culver, 6 septembre
1814. Près d’ici sont tombés le caporal
Partridge, milicien du comté d’Essex ainsi que le lieutenant-colonel Wellington
et l’enseigne John Chapman, de la 3e armée britannique de
terre. »
Le colonel Wellington était
en effet à cheval à la tête de ses troupes et, arrivant au sommet de la
colline, il aurait agité son couvre-chef en criant : « Ils sont là,
allons-y », avant d’être
promptement abattu. Il a été enterré sur
place.
Le 11 septembre, Downie se
lance dans une attaque navale contre les navires étatsuniens. Très mauvaise décision, car en plus des vents
contraires, il doit affronter une marine beaucoup plus aguerrie que ce que son
mépris lui avait laissé attendre.
Le 11 septembre 1814, donc, après
environ 3 heures de combat acharné, la flotte britannique subit dans la baie de
Plattsburgh une défaite humiliante, et Downie lui-même y perd la vie. Mais ce n’est pas tout.
L’attaque de Downie devait
couvrir l’attaque par terre des troupes de George Prévost, gouverneur en chef
du Canada.
Voyant sa flotte détruite,
Prévost n’écouta que son courage et battit immédiatement la retraite.
Ainsi se terminait cette
campagne d’invasion.
Prévost, à qui on reprochait
cette déroute mortifiante, fut immédiatement rappelé à Londres et ne put jamais
effacer son déshonneur.