Saint-Jean, on le
sait, a été le berceau du train en Canada avec la liaison Saint-Jean –
Laprairie lancée dès 1836 par la compagnie Saint-Laurent
et Champlain.
Ce que l’on sait
moins, c’est que le train, qui devait accentuer les succès économiques de
Saint-Jean, va plutôt le précipiter dans le récession.
Rappelons-nous :
au début du 19e siècle, la ville est devenue très prospère grâce au
commerce avec les États-Unis, commerce du bois d’œuvre principalement et qui
profite amplement de la voie d’eau constituée par le Richelieu, le lac
Champlain, les autres lacs et le fleuve Hudson.
Or, dès 1851, la Saint-Laurent et Champlain prolonge sa
voie jusqu’à Rouses Point, dans le New York, et se raccorde à la ligne reliant Boston
et New York.
Puis, ce qui va
devenir le Grand Tronc étend son
réseau vers les Cantons de l’est et vers le Maine.
Dès cet instant, le
déclin de Saint-Jean est inscrit dans les cartes, car les nouvelles voies
évitent la ville.
De plus, le transport
ferroviaire est beaucoup plus rapide et efficace que le transport maritime et,
dorénavant, on n’expédie plus le bois d’œuvre sous forme de grumes, mais sous
forme de planches et madriers… qui craignent l’eau.
Résultat : les
entrepreneurs fuient, les entreprises s’installent ailleurs et la population
stagne.
En 1851, la
population de Saint-Jean était comparable à celle de Sherbrooke et à celle de
Saint-Hyacinthe.
Ces deux dernières,
favorisées par le Grand Tronc, voient leur population exploser, celle de Saint-Jean piétine.
Entre 1851 et 1901, la
population de Sherbrooke quadruple et celle de Saint-Hyacinthe triple presque
alors que celle de Saint-Jean ne croît que de 25%.
Les conseillers
municipaux, qui sont souvent aussi des entrepreneurs, se votent des exemptions
fiscales et des subventions «pour soutenir l’emploi», mais sans grand succès.
À part la Singer, qui
a été attirée à grands frais, peu des entreprises subventionnées survivent plus
de 2 ou 3 ans.
Bref, même si la ville s’est lourdement endettée et a dû augmenter le
fardeau de ses taxes et impôts pour financer le secteur privé avec de l’argent
public, le résultat a été presque négligeable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ajouter vos commentaires ici. Ils seront tous lus avant publication. Seuls les textes corrects et polis seront retenus.