Au XVIIIe siècle, la botanique devient subitement
une discipline savante fort en vue et, à ce chapitre, la Suède est en avance,
surtout grâce au grand savant Carl Von Linné.
Celui-ci a entrepris de recenser toute la flore d’Europe
et il s’intéresse particulièrement aux plantes économiquement utiles.
Il mettra d’ailleurs au point la nomenclature en deux
noms latins encore en usage de nos jours, tant pour la flore que pour la faune.
Mais dans les années 1740, il s’avise qu’il ne
connaît rien de la flore – surtout la flore « utile» - d’Amérique du Nord.
Pehr Kalm |
Il convainc donc l’un de ses étudiants – Pehr Kalm
(1716-1779) – d’accepter une mission d’exploration – un peu dans ce qui
deviendra plus tard les États-Unis, mais surtout en Nouvelle-France – dont le
climat froid semblable à celui de la Scandinavie est susceptible de faire
naître des plantes plus facilement acclimatables en Suède.
Le grand départ est fixé en 1749 et Kalm, qui connaît
les exigences incessantes, mais aussi la ladrerie, de Linné, le prévient : « j’ajusterai
mon dévouement à votre générosité… »
Puis, à peine arrivé dans la colonie britannique – il
se dépêche vers la Nouvelle-France qu’il atteint par le Fort Saint-Frédéric,
devenu Crown Point, N.Y.
Empruntant la nouvelle navette qui vient tout juste d’entrer
en service, il traverse le lac Champlain et arrive au Fort Saint-Jean le 19
juillet.
Disposition du 2e Fort Saint-Jean |
Il y passera à peine quelques jours, tout juste le
temps de remarquer les «mille roches» qui compliquent la circulation navale à
cet endroit de même que le caractère essentiellement marécageux des rives.
Il aura aussi amplement le temps de constater que les
lieux sont ardemment défendus par des armées d’insectes affamés, ce qui le
pousse à surnommer l’endroit Fort
Moustique.
Puis il part vers Montréal en empruntant le nouveau
chemin militaire qui vient d’être tracé entre Saint-Jean et Laprairie pour
faciliter l’approvisionnement des diverses garnisons.
Le récit de ce voyage trace un portrait inégalé de la
Nouvelle-France au XVIIIe siècle et sert encore de nos jours aux
divers spécialistes de cette période.
Le coup de chapeau porté au deuxième Fort Saint-Jean –
qui venait tout juste d’être construit – mérite donc le présent rappel.
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