mardi 14 janvier 2020

UNE EXCLUSIVITÉ DE SAINT-CYPRIEN



La consultation de la célébrissime Flore Laurentienne du Frère Marie-Victorin et collaborateurs amène fréquemment des surprises.


Il est bien connu, par exemple, que le genre crataegus, qui regroupe les aubépines (aussi connues sous le nom de cenelliers), présente des difficultés de classification hors du commun.

Le grand Jacques Rousseau, l’un de nos plus importants scientifiques, s’y est attaqué pour le compte de la Flore et on peut parier qu’il y a plusieurs fois perdu patience.

Mais, chose intéressante pour nous, il existe à Saint-Cyprien et dans l’ancien comté électoral de Napierville une espèce d’aubépine, l’aubépine flexible (crataegus lenta), qu’on ne retrouve nulle part ailleurs au monde sauf dans quelques endroits du Michigan.

Il s’agit d’un arbre qui peut atteindre 8 mètres de haut et qui, contrairement à nombre d’autres aubépines, porte peu d’épines.

 Il offre également de nombreux fruits rouges à pâte farineuse orangée appréciée des oiseaux, mais moins des humains…

Cette exclusivité n’est pas banale et pourrait servir d’emblème floral à une municipalité de la région.

Saint-Cyprien a déjà choisi la gaillarde (Gaillardia x grandiflora) pour le représenter; l’aubépine flexible demeure donc disponible pour les alentours…

mardi 7 janvier 2020

FORT LENNOX : PREMIÈRE ÉCOLE DE RÉFORME AU QUÉBEC



La révolution industrielle du 19e siècle provoque un chambardement complet de la famille traditionnelle et nombre d’enfants et de jeunes adolescents sont laissés à eux-mêmes avec comme seule ressource le chapardage et les petits vols.

Pour tâcher d’enrayer le phénomène, l’État adopte, en 1857, une loi qui prescrit l’ouverture, au Fort Lennox de l’Île-aux-Noix, de la première école de réforme du Québec.

Abandonnée par les militaires et n’ayant plus aucune valeur stratégique, la construction semble idéale pour tenter cette nouvelle expérience de réforme sociale.

Il s’agissait en effet d’enfermer les enfants loin des criminels adultes afin d’éviter de les endurcir dans l’illégalité.

Toutefois, le tout s’avérera très rapidement un échec total.

Les bâtiments si solides sont totalement inadaptés à l’enfermement et le personnel peu qualifié recourt plus souvent aux châtiments corporels qu’à la compréhension et à l’incitation.

Il en résulte donc de très nombreuses évasions.

De plus, on enferme ensemble sans distinction les jeunes criminels endurcis et les néophytes, les filles et les garçons, les francophones et les anglophones, les catholiques et les protestants.

Bref, les sujets de discorde et d’affrontement ne manquent pas.

À peine 5 ans plus tard, en 1862, on juge l’expérience désastreuse et le centre de détention est fermé.

Ceci ne met pas fin à l’aventure des écoles de réforme pour autant, car celles-ci ne seront supprimées qu’en 1950 par la Loi relative aux écoles de protection de la jeunesse.

mardi 24 décembre 2019

mardi 17 décembre 2019

LA CANE TÉMOIGNE...



En ce mois de décembre 1909, alors que Noël approche à grands pas, la bonne humeur s’est répandue même à la Cour de circuit.

En ce lundi 13, le juge Monet est saisi de la cause du vol d’une cane…


Deux voisins se la disputent.

L’un soutient que sa cane, qui n’a guère qu’un an, lui a été volée par son voisin.

Ce dernier affirme au contraire que cette cane a 5 ans et lui sert d’appeau lors de la saison de chasse au canard.

Un expert est même venu affirmer que ladite cane, qui est présente au prétoire, a au moins 4 ans.

Finalement, un témoin affirme qu’il pourra résoudre la difficulté puisqu’il a déjà utilisé cette cane à la chasse.

Il lui lance donc un appel codé, appel auquel la cane répond en caquetant et en battant des ailes, provoquant le fou rire dans le prétoire.

Le juge lui-même, retenant à grand peine son hilarité, arrive à dire : « Cette cane n’a assurément pas la voix d’une jeune fille, » déboutant ainsi le requérant qui réclamait, ne l’oublions pas, la somme pharamineuse de 60 cents…

mardi 10 décembre 2019

QUAND HYDRO-QUÉBEC A VOULU GÂCHER NOËL



En ce début décembre 1979, la situation est grave : Hydro-Québec vient d’annoncer à la ville de Saint-Jean et à l’Association des marchands du centre-ville qu’elle ne permettra l’installation d’aucune décoration de Noël dans ses poteaux.
Elle affirme qu’en pleine campagne d’économie d’énergie elle ne peut autoriser l’installation de ces décorations qui, non seulement, consomment beaucoup d’électricité mais présentent en plus du danger pour le personnel d’entretien.
L’Association des marchands du centre-ville voit de la discrimination dans cette décision, puisqu’elle ne touche pas les décorations installées dans les centres d’achats, décorations qui consomment aussi beaucoup d’électricité.
Interdire les décorations seulement au centre-ville consiste donc à pénaliser les marchands installés là et à donner un coup de pouce aux commerces des centres d’achats.
« Intolérable », déclare-t-elle, surtout que ses membres ont englouti 18 000 $ dans l’achat de ces décorations. 
Tout aussi choqué que les marchands, le maire Ronald Beauregard estime que l’interdiction de Hydro-Québec n’a aucun sens et il décide de prendre les choses en main.
Très rapidement, il convoque son conseil municipal et lui fait adopter une résolution l’autorisant à passer outre à l’interdiction de la société d’État.
« Je suis prêt à aller en prison, s’il le faut », déclare-t-il avant d’ordonner aux employés municipaux d’installer les décorations.
Noël a été illuminé en ce mois de décembre 1979.
On ne sait pas si les commerces ont fait de bonnes affaires, mais Monsieur Beauregard n’a pas été emprisonné…

mardi 3 décembre 2019

CYPRIOTES AVENTURIÈRES



Il est bien connu que Saint-Cyprien a donné au Québec plusieurs de ses personnages hors du commun, et en particulier Louis Cyr, l’homme le plus fort du monde, le docteur Wilfrid Derome, créateur de la police scientifique en Amérique du nord et les sœurs Grégoire, écrivaines célèbres.


Aujourd’hui, nous allongeons la liste en y ajoutant les noms d’Adée et de Clara Hébert, deux sœurs au destin vraiment extraordinaire.


Adée Hébert est née le 31 août 1884 et Clara le 5 avril 1888, toutes deux filles d’Aimé Hébert et d’Odile Lachance de Saint-Cyprien, père et mère d’une famille de 17 enfants.


Adée et Clara entrent ensemble dans la Communauté des sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception le 6 juillet 1906.
 
Sœur Saint-Pierre-Claver

Dès le mois de septembre 1909, Adée part vers Canton, en Chine, sous le nom de sœur Saint-Pierre-Claver, pour servir dans la mission que les religieuses tiennent là-bas pour servir de petits enfants abandonnés, des orphelines et de vieilles femmes.


En 1913, elle est rappelée dans le quartier chinois de Montréal où elle met sa maîtrise du chinois à profit pour visiter les malades à l’hôpital ou chez eux et pour ouvrir une école de langue pour les enfants.


En 1921, nouvelle affectation, à Manille, aux Philippines cette fois.  Elle y deviendra supérieure locale de sa communauté, sera emprisonnée puis enfermée dans un camp de concentration par les forces d’occupation japonaises jusqu’à la fin de la guerre du Pacifique en 1945.


Mais l’heure du repos n’a pas encore sonné, car à peine libérée, elle est mutée à Vancouver pour gérer l’hôpital du Mont Saint-Joseph qui vient d’ouvrir.


Mise à la retraite après cette vie aventureuse, en 1956, elle décède dans la résidence des religieuses, à Pont-Viau, en 1964.


Clara, pour sa part, a pris le nom de Sœur Saint-François-d’Assise.  Elle sera elle aussi expédiée en Asie, mais à Hong Kong, en  1913, pour œuvrer à la léproserie que les sœurs gèrent à Shek Lung, dans une île de la rivière des Perles.



À cette époque, la Chine est en pleine révolution et après avoir chassé la dynastie mandchoue les communistes entretiennent durant de nombreuses années un désordre particulièrement dangereux.


La léproserie est continuellement menacée par des agressions, razzias et déprédations diverses.


Néanmoins, durant 40 années, Clara et ses collègues devront s’improviser infirmières, médecins, chirurgiennes, psychologues, architectes, ingénieures, administratrices et tutti quanti pour répondre, le mieux possible, aux besoins multiples de leurs patients.


L’après-guerre n’apporte aucun soulagement, car les communistes au pouvoir s’en prennent aux étrangers.


Malgré tout, Clara est postée à la crèche des sœurs à Canton, jusqu’en 1948 puis nommée à Kowloon, toujours dans la colonie anglaise de Hong Kong, où en 1951 elle sera emprisonnée, avec 4 autres sœurs, pour répondre à des accusations aussi monstrueuses que fantaisistes.


Libérées assez rapidement, la plupart des sœurs rentrent au Québec surtout que la mission de Canton et la léproserie de Shek Lung ont été fermées par les autorités.


Mais Clara préfère retourner à Kowloon pour y rendre les services qu’elle pourra encore.


Elle y décède, en juin 1957, d’un cancer du pancréas.

  
On peut affirmer avec certitude que bien peu de femmes de nos jours connaissent des existences aussi remplies.





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Source dses illustrations : BAnQ