Il est bien connu que
Saint-Cyprien a donné au Québec plusieurs de ses personnages hors du commun, et
en particulier Louis Cyr, l’homme le plus fort du monde, le docteur Wilfrid
Derome, créateur de la police scientifique en Amérique du nord et les sœurs Grégoire,
écrivaines célèbres.
Aujourd’hui, nous allongeons
la liste en y ajoutant les noms d’Adée et de Clara Hébert, deux sœurs au destin
vraiment extraordinaire.
Adée Hébert est née le 31
août 1884 et Clara le 5 avril 1888, toutes deux filles d’Aimé Hébert et d’Odile
Lachance de Saint-Cyprien, père et mère d’une famille de 17 enfants.
Adée et Clara entrent
ensemble dans la Communauté des sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception
le 6 juillet 1906.
Dès le mois de septembre
1909, Adée part vers Canton, en Chine, sous le nom de sœur Saint-Pierre-Claver,
pour servir dans la mission que les religieuses
tiennent là-bas pour servir de petits enfants abandonnés, des orphelines et de
vieilles femmes.
En 1913, elle est rappelée
dans le quartier chinois de Montréal où elle met sa maîtrise du chinois à
profit pour visiter les malades à l’hôpital ou chez eux et pour ouvrir une
école de langue pour les enfants.
En 1921, nouvelle
affectation, à Manille, aux Philippines cette fois. Elle y deviendra supérieure locale de sa
communauté, sera emprisonnée puis enfermée dans un camp de concentration par
les forces d’occupation japonaises jusqu’à la fin de la guerre du Pacifique en
1945.
Mais l’heure du repos n’a
pas encore sonné, car à peine libérée, elle est mutée à Vancouver pour gérer l’hôpital
du Mont Saint-Joseph qui vient d’ouvrir.
Mise à la retraite après
cette vie aventureuse, en 1956, elle décède dans la résidence des religieuses,
à Pont-Viau, en 1964.
Clara, pour sa part, a pris
le nom de Sœur Saint-François-d’Assise.
Elle sera elle aussi expédiée en Asie, mais à Hong Kong, en 1913, pour œuvrer à la léproserie que les sœurs
gèrent à Shek Lung, dans une île de la rivière des Perles.
À cette époque, la Chine est
en pleine révolution et après avoir chassé la dynastie mandchoue les
communistes entretiennent durant de nombreuses années un désordre
particulièrement dangereux.
La léproserie est
continuellement menacée par des agressions, razzias et déprédations diverses.
Néanmoins, durant 40 années, Clara et
ses collègues devront s’improviser infirmières, médecins, chirurgiennes,
psychologues, architectes, ingénieures, administratrices et tutti quanti pour répondre, le mieux
possible, aux besoins multiples de leurs patients.
L’après-guerre n’apporte
aucun soulagement, car les communistes au pouvoir s’en prennent aux étrangers.
Malgré tout, Clara est
postée à la crèche des sœurs à Canton, jusqu’en 1948 puis nommée à Kowloon,
toujours dans la colonie anglaise de Hong Kong, où en 1951 elle sera
emprisonnée, avec 4 autres sœurs, pour répondre à des accusations aussi
monstrueuses que fantaisistes.
Libérées assez rapidement,
la plupart des sœurs rentrent au Québec surtout que la mission de Canton et la
léproserie de Shek Lung ont été fermées par les autorités.
Mais Clara préfère retourner
à Kowloon pour y rendre les services qu’elle pourra encore.
Elle y décède, en juin 1957,
d’un cancer du pancréas.
On peut affirmer avec certitude que bien peu de femmes de nos jours connaissent des existences aussi remplies.
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Source dses illustrations : BAnQ
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