mardi 13 août 2019

LE PREMIER CENTENAIRE À SAINT-JEAN

En ce 12 août 1939, Wilfrid Brosseau, ancien maire de Saint-Jean, célèbre son centième anniversaire de naissance.
 
Né le 12 août 1839, tout juste après la Rébellion des Patriotes de 1838 et la proclamation de l’Indépendance du Bas-Canada, Monsieur Brosseau n’a pas seulement connu une longue existence, mais aussi une existence très bien remplie.
Natif de L’Acadie, il s’installe à Saint-Jean dès l’âge de 19 ans et ne tarde pas à ouvrir, rue Richelieu, un magasin qui propose aux dames divers articles de mercerie, des gants et des bas directement importés d’Angleterre, ce qui lui assure un succès immédiat car son commerce n’avait alors aucun concurrent.
Victime du violent incendie qui a tout rasé rue Richelieu en 1876[1], il voit et son bâtiment et son inventaire partir complètement en fumée, mais loin de se laisser abattre il reconstruit au même endroit et profite de l’occasion pour agrandir son installation et y loger, à l’étage, une entreprise de tissage.
Délaissant ensuite son exploitation, il devient maître de poste, emploi qu’il ne quittera que devenu octogénaire, après 32 ans de bons et loyaux services.
Doué par ailleurs d’une énergie peu commune, Monsieur Brosseau se lance aussi dans l’action communautaire en fondant le Club des Raquetteurs, en devenant l’un des premiers membres du Club de chasse et pêche et en co-fondant et en devenant directeur du Club de yacht de Saint-Jean.
Toute cette activité lui assure assez de renommée pour lui permettre d’accéder au poste de maire de la ville pour un mandat de 1889 à 1891.
Deux dossiers qui lui tenaient à cœur ont pourtant soulevé une telle opposition qu’il n’a plus sollicité de mandat électif après cette triste expérience.
Pourtant, à nos yeux d’aujourd’hui, ses propositions étaient loin d’être farfelues.
D’abord, il voulait électrifier sa ville et la région.
L’électricité sortait alors à peine des laboratoires et, comme beaucoup de nouveautés, suscitait beaucoup d’appréhension.
Lui voyait plutôt l’avenir dans cette source d’énergie nouvelle et il avait proposé d’installer une centrale électrique à l’île Sainte-Thérèse, ce qui lui a valu, de la part de ses collègues du conseil municipal, le quolibet d’illuministe.
L’autre projet aurait consisté à créer un parc floral à l’angle des rues Richelieu et Champlain, tout juste au nord de la voie du Canadien Pacifique, afin d’agrémenter la promenade où il faisait bon de voir et d’être vu à l’époque.
Le Conseil n’étant intéressé alors que par les moyens de garnir les caisses municipales cria à une sombre dilapidation des fonds publics.
Ces deux échecs suffirent pour mettre une fin abrupte à sa carrière politique, mais comme on a pu le constater, pas du tout à sa vie proprement dite.






[1] http://histoirehautrichelieu.blogspot.com/2016/06/feroce-destruction.html