mardi 20 novembre 2018

UNE GRANDE ERREUR ARCHÉOLOGIQUE...




De temps immémoriaux, une vieille épave gisait au fond de l’eau tout juste devant le Fort Saint-Jean.


Canada français, 14 octobre 1898

À peu près personne ne s’en souciait sauf les plaisanciers qui devaient s’en méfier doublement à cause de la puissance du courant à cet endroit.


Mais, en octobre 1898, il devient urgent de déplacer ce débris, car il gêne le dragage de la rivière et en un tournemain, sans grandes précautions, les restes sont soulevés et déposés sur la rive.


L’archéologie n’étant pas une passion dévorante à l’époque on abandonne le tout là, surtout que le navire a manifestement été visité par des pilleurs qui ont emporté tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur monnayable.


À tout hasard, on laisse entendre que la carcasse est celle du Royal Savage, un navire militaire construit à Saint-Jean en 1775, sur ordre du gouverneur Guy Carleton, pour affronter les troupes étatsuniennes d’invasion.


Ce deux mâts équipé en schooner aurait été coulé par les troupes du général Montgomery lors de son attaque contre le Fort Saint-Jean.


Fin de l’histoire, chez nous.


Mais, c’est compter sans la détermination de la marine des États-Unis de recenser et de récupérer tous les bâtiments sur lesquels ont flotté ses drapeaux.


Il s’avère en effet que le Royal Savage a été renfloué par les troupes de Montgomery, remis en état et confié au général Benedict Arnold, qui était chargé d’imposer sa loi sur le lac Champlain.


Le schooner a mené nombre d’attaques avant de s’échouer à l’île Valcour.


Les Anglais l’ont alors repris, incendié et abandonné lorsqu’il fut devenu inutilisable.


 239 ans plus tard, en 1995, la marine des États-Unis a récupéré ce qu’il en restait pour le protéger et le mettre en musée.


Quant à l’épave du Fort Saint-Jean elle semble totalement oubliée, car elle ne figure pas dans les recensements d’épaves du Richelieu.