mardi 10 octobre 2017

QUERELLE D’ANCÊTRES (BIS)


À la fin du 19e et au début du 20e siècles, la mode est à la monographie des paroisses.

Dans ces textes, les auteurs notent la date de naissance de la desserte et la liste des divers curés y ayant œuvré, puis ajoutent souvent des indications sur les premiers colons, les industries qui y sont nées, l’impact de l’arrivée – ou non – des nouveaux moyens de transport, dont la voie ferrée, de même que les avantages comparatifs et les attraits touristiques du lieu d’implantation.

Deux publications se signalent particulièrement à l’attention, en ce domaine :  Le Bulletin de recherches historiques (ci-après le Bulletin), fondé par l’archiviste Pierre-Georges Roy en 1898.

Ce périodique présente au total 79 paroisses dans ses volumes 2 à 7 inclusivement.

Puis, il y a Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième
siècle[1] (ci-après le Diocèse), un ouvrage de plus de 800 pages publié en 1900 par le chanoine Gaspard Dauth et par l’abbé Joseph Alexandre Stanislas Perron, qui en décrit 149.

On pourrait croire que ces deux oeuvres  s’entendraient au moins sur la date de fondation des paroisses, surtout que nombre de leurs textes sont justement rédigés par des membres du clergé catholique.

Eh !  Bien !  Ce n’est pas du tout le cas pour la description de la paroisse de Saint-Luc.

Dans le Diocèse, un texte non signé fait naître la paroisse en 1801, année de l’entrée en fonction du premier curé, M. François Plessis-Bélair.


Mais, dans le volume 7 du Bulletin, le curé de Saint-Jacques-le-Mineur, Stanislas-Albert Moreau, tonitrue que cette notice est « tellement remplie de fautes historiques qu’on n’en peut rien croire. »


Rappelant qu’il est lui-même natif de Saint-Luc et que  l’église et le presbytère ont été érigés sur des lots fournis tant par son bisaïeul paternel Jean Moreau que par son bisaïeul maternel Jean Molleur, il laisse entendre qu’il est particulièrement bien renseigné sur cette histoire.

D’autant plus que la même année – 1901 – il publiait justement une Histoire de Saint-Luc, laissant ainsi entendre que cette histoire est sa propriété exclusive…


Et, pour ce propriétaire, la paroisse est née par décret sacerdotal le 16 mai 1799, deux ans plus tôt que dans le Diocèse.

Qui eût cru qu’un tel détail susciterait une telle algarade entre membres du clergé?





[1] Les deux ouvrages sont disponibles gratuitement en ligne à l’adresse www.archive.org