mardi 22 mars 2016

DEUX POIDS, DEUX MESURES



                       
Valentine Shortis
Le 1er mars 1895, dans une tentative de vol à main armée, un immigrant irlandais du nom de Valentine Shortis tue deux employés de l’usine de la Montréal Cotton Company à Salaberry de Valleyfield, Maxime Leboeuf et un certain Loy. 


Lors de son procès, la Cour rejette son plaidoyer de folie passagère et le condamne à la peine capitale.


Le journal La Minerve s’en réjouit en ces termes dans son édition du 5 novembre:  « L'esprit de justice et le bon sens de l'homme des champs ont triomphé de la science des experts et de l'habileté des défenseurs. »


On se souvient en effet qu’en mai 1895 la défense d’aliénation mentale n’a pas été
retenue, en Ontario, dans le procès d’Amédée Chatelle, accusé de meurtre, ni dans le cas de
Louis Riel, victime, en 1885, de ce que Louis-Joseph Papineau qualifiait d’ « assassinat judiciaire ».


Bref, l’affaire est oubliée de presque tous et classée parmi les autres faits divers.


Sauf que…


Sauf que la famille de Shortis est très riche et entreprend de faire le siège du premier ministre fédéral conservateur Mackenzie Bowell et du gouverneur général Aberdeen, tous deux de bons britanniques au pouvoir au Canada.


À force d’argent, le père et la mère de l’assassin exercent tant de pressions que le condamné finit par bénéficier d’une commutation de peine, ce qui soulève une vague d’indignation peu commune chez les Canadiens français qui y voient une nouvelle démonstration du racisme dont ils sont victime de la part des autorités canadiennes.


Assez curieusement, le Canada Français, parfois chatouilleux en ces matières, se contente cette fois-ci de relater cette affaire de façon particulièrement neutre.



Étonnant!