mardi 27 juin 2017

UN DEMI-SIÈCLE À NOTRE SERVICE




Nous sommes fin juin 1977 et Saint-Jean s’apprête à perdre une communauté religieuse qui lui aura dispensé des services aussi précieux que délicats durant plus d’un demi-siècle, une communauté à l’histoire longue et complexe.


Comme chacun sait, le Québec de la fin du XIXe siècle et du début du XXe a connu une saignée démographique massive alors que des villages agricoles entiers se vidaient au profit des usines textiles de la Nouvelle-Angleterre.


Là-bas, le flux migratoire s’avérait si puissant que les Québécois y ont reconstitué leurs propres institutions : paroisses, clubs sociaux, sociétés d’entraide…
 
Worcester, 1890

En 1889, Worcester, au Massachussetts, a même vu la naissance d’une nouvelle communauté religieuse de
Curé Brouillet
femmes, la communauté des Petites Franciscaines de Marie née à la demande du curé  Joseph Brouillet, qui vient d’y fonder un orphelinat.


Malgré leur zèle, l’évêque local refuse d’agréer leur fondation.   

Voilà pourquoi, deux ans plus tard, en
Curé Fafard
1891, elles «atterrissent» à Baie Saint-Paul où les accueille à bras ouverts le curé Ambroise-Martial Fafard
qui vient d’y ouvrir l’Hospice Sainte-Anne destiné à héberger des vieillards délaissés et quelques personnes avec un handicap intellectuel.




Des Québécoises revenaient chez elles…


De là commence leur expansion et la communauté comptera en tout  plus de 35 maisons au Québec et ailleurs dans le monde.


À Saint-Jean, c’est en 1925 qu’elles s’établissent.   

Une de leurs résidentes à Montréal, Mathilde Durocher, alors âgée de 83 ans, signale aux sœurs que dans sa ville natale – Saint-Jean – il n’y a pas d’orphelinat.


Grave lacune que les Petites Franciscaines décident de corriger sur le champ.


Installées d’abord au 160 de la rue Champlain, où elles arrivent à caser 12 pensionnaires, les sœurs déménagent au 170 de la rue Longueuil dés le mois suivant.



C’est dans cette maison – petite et mal équipée – qu’elles vont exercer leur ministère durant la quasi-totalité de leur séjour chez nous.


Les débuts sont évidemment particulièrement pénibles : le généreux gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau leur accorde une subvention princière de 0,25$ par pensionnaire par jour.




Dès le début, la maison a accueilli près de 70 enfants, mais il a fallu rapidement agrandir les lieux et, en 1928, les sœurs ouvraient même un jardin d’enfance : il y eut 213 inscriptions dès la première année.


Le jardin d’enfance a continué jusqu’en 1937, année où obligation fut faite aux sœurs de n’accepter, dorénavant, que des pensionnaires.


Néanmoins, l’institution subsistait et la « Rue Longueuil », comme on l’appelait familièrement, connaissait une bonne renommée.


En 1965, toutefois, nouveau déménagement : les sœurs ont construit, boulevard Saint-Luc, le gigantesque Centre familial Thérèse-Martin plus adapté à leurs besoins (cet immeuble est de nos jours devenu le CHSLD Gertrude-Lafrance).




12 ans plus tard, et après 52 ans de présence, la communauté quitte Saint-Jean le 30 juin 1977 pour relever d’autres défis.