En cette période où notre
gouvernement se trouve aux prises avec des scandales éthiques à répétition, les
élus ont souvent du mal à convaincre les citoyens de leur honnêteté.
Il faut cependant se rendre à l’évidence
que dès la naissance de la confédération canadienne, en 1867, c’était déjà le
cas.
En fait, à cette époque, les
illégalités de toutes sortes étaient si répandues parmi les députés - de toutes
les couleurs politiques, soit dit en passant – que ceux-ci se gardaient bien de
laisser à des examinateurs indépendants le soin de les juger.
Au contraire, l’assemblée
législative - comme l’Assemblée nationale s’appelait à l’époque - se réservait le
soin de juger elle-même les allégations visant les siens.
Un comité spécial était constitué
à chaque session, et l’intérêt bien compris de tout le monde consistait à faire
traîner les choses, puisqu’un nouveau comité était constitué à chaque session,
ce qui l’obligeait à reprendre depuis le début et à faire durer jusqu’à la
suivante.
C’est ainsi que presque aucune
plainte de vol d’élection, de supposition de personne, de viol du secret du
vote, d’influence indue etc. ne fut retenue, soit parce qu’on y trouvait un
vice de procédure, soit qu’une autre cause, due aux retards voulus, empêchait
de trancher.
Tel fut le cas notamment de
Joseph Beaudreau, élu député conservateur du comté de Richelieu en 1867.
Saisi d’une plainte en
contestation de cette élection, le comité de l’assemblée réussit à étirer les
procédures durant deux ans et, en 1869, le député décède en fonction sans que
son cas ait été éclairci.
Il faudra en fait attendre 1872
pour qu’une loi charge dorénavant la Cour supérieure de trancher toutes les
causes de contestation d’élection.