lundi 27 mars 2017

BAPTISÉ, DÉ-BAPTISÉ, RE-BAPTISÉ...



En matière de toponymie, le Québec semble particulièrement avare de changements.

Le cas du village de Saint-Cyprien-de-Napierville illustre particulièrement bien cette maxime.

Fondé en 1823, ce village a imité, au 20e siècle, nombre de petites entités municipales et a ajouté le nom de son comté électoral au patronyme de sa paroisse.

Or, le comté électoral de Napierville a été supprimé en 1922 et a été fusionné avec celui de Laprairie.

Autrement dit, Saint-Cyprien continue de traîner le nom d’une entité qui n’existe plus depuis belle lurette.

 Or ceci pousse de nombreux citoyens à penser que Saint-Cyprien fait en réalité partie du village de Napierville, grossière erreur due à la paresse toponymique…


En revanche, le cas du Mont Saint-Grégoire est tout à fait à l’opposé.

Au temps de la Nouvelle-France, il s’appelait Mont Sainte-Thérèse, car il se dressait en vue du fort Sainte-Thérèse érigé en 1665.

Au 18e siècle, il devient le Mont Noir, que le sieur de Ramezay rebaptisera Monnoir comme sa seigneurie lorsqu’il en deviendra premier titulaire en 1708.
 
John Johnson
En 1795, la seigneurie passe aux mains du loyaliste John Johnson, qui a combattu puis fui la révolution américaine.

N’écoutant que sa suffisance, le nouveau propriétaire donne son nom à la colline.

Jean-Roch Rolland (1)
Cette désignation sera maintenue quelque temps par le juge Jean-Roch Rolland, devenu, en 1826, le 3e seigneur de Monnoir.

En 1847, cependant, avec l’érection de la paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand, l’occasion semble parfaite pour se débarrasser d’un vocable anglophone :  la colline devient alors le Mont Saint-Grégoire, appellation qu’elle conserve encore de nos jours.

Voilà un parcours plus contrasté.

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(1) <a href="http://collection.mccord.mcgill.ca/en/collection/artifacts/M965.10.1/" title="More information about this image"><img src="" width="" height="" alt="Painting | The Honorable Jean Roch Rolland, 1848 | M965.10.1" /></a>