mardi 20 septembre 2016

QUAND SAINT-JEAN ÉTAIT AUX MAINS DE FORBANS.



    Dès la conquête britannique, des officiers des forces d’occupation entreprirent de s’enrichir rapidement en exploitant les ressources locales.
 
C’est ainsi que Moses Hazen, lieutenant à la retraite,
Gabriel Christie
s’associe avec le lieutenant-colonel Gabriel Christie pour acheter conjointement les seigneuries de Sabrevois et de Bleury, sur la rive droite du Richelieu, de même que cinq fermes dans le territoire de la future ville de Saint-Jean.


Gabriel Christie est l’intendant général des troupes britanniques en Amérique du nord et est chargé à ce titre, d’assurer toutes les fournitures militaires nécessaires.


Il connaît notamment les immenses besoins en bois de la marine et sait lui vendre à bon prix le bois de ses propres forêts.


Quant à Hazen, il se fait nommer « sous-inspecteur des forêts du roi » et se lance aussi, comme un forcené, dans le commerce de la matière ligneuse.


Mais, encore plus pressé que Christie, il vend du bois prélevé sur les terres de ses voisins…


Il subit alors la première d’une fort longue série de poursuites judiciaires.


Il a aussi la manie de se fortement endetter sans trop se soucier de ses capacités de remboursement, de telle sorte qu’en 1770, son complice Christie décide de demander une séparation de leurs biens.


Hazen conserve la partie de leurs terres sises au Fort Saint-Jean et devient seigneur de Bleury-sud, juste à temps pour subir deux séries de saisies qui verront une bonne partie de ses biens vendus aux enchères.


Avec l’éclatement de la révolution américaine, il décide de se joindre aux insurgés, jugeant qu’il a de meilleures chances de conserver les biens qui lui restent en cas de victoire.


Grave erreur :  la révolution réussit, mais les Britanniques restent au Canada…


Son ancien co-seigneur Gabriel Christie, aussi âpre au gain que lui, en profite pour faire saisir ses propriétés du Haut-Richelieu, dont Bleury-sud et les fermes à Saint-Jean, puis les rachète à vil prix.


Aux États-Unis, Hazen continue de s’endetter sans compter et est l’objet de 14 nouvelles poursuites judiciaires au cours des dernières années de sa vie.


En 1802, il est officiellement déclaré fou par le tribunal et meurt quelques mois plus tard.


Quant à Christie, il devient à la longue seigneur de toutes les seigneuries du Haut-Richelieu, rive gauche et rive droite.


Il perd cependant les seigneuries dont il était titulaire dans ce qui devint les États-Unis, seigneuries qui sont confisquées... mais pas par Hazen.


Il meurt en 1799 sans voir fini le manoir qu’il se faisait construire à Chambly.
Manoir Christie à Chambly.  Il fut détruit par un incendie en 1953