mardi 4 février 2014

CONRAD LABELLE RENCONTRE AL CAPONE



L'historienne Yvonne A. Labelle, sœur du roi des contrebandiers canadiens durant la période de la prohibition américaine, a publié à compte d'auteur un volume de quatre-vingt-dix pages intitulé «Conrad Labelle».



Dans ce premier ouvrage consacré à «l'homme qui mit sur les dents les policiers, les douaniers et le F.B.I. étatsuniens durant les années 1919 à 1923» nous trouvons des dizaines d'anecdotes plus incroyables et rocambolesques les unes que les autres.



Il en est une, entre autres, qui retient d’avantage l’attention : la rencontre de Conrad Labelle avec Al Capone, le célèbre bandit de Chicago.
      Alphonse Gabriel Capone 





Voici comment Yvonne Labelle raconte cette anecdote.


À cette époque, le célèbre Al Capone régnait sous le signe de la violence à Chi­cago. Issu de la famille Capponi,  illustre à Florence, en Italie, il changea son nom pour Capone après la mort de son père.



Transaction


Conrad rencontra une fois le grand roi de la contrebande de Chicago. Capone était de la taille de Conrad et de son âge, il pesait dans les 150 livres. Il portait un chapeau Borsalino tan­dis que Conrad préférait les chapeaux Stetson à 100$ chacun. Il en possédait toujours deux, car lorsqu'il bu­vait un peu trop de boissons alcoolisées il oubliait souvent son couvre-chef ou il l'abandonnait.



Lors de leur rencontre, les deux hommes conclurent une transaction. Al Capone avait reçu une cargaison de 3 000 caisses de boisson dans un ba­teau au large de Boston, au Massachussets. 

C'était trop loin de chez lui et il proposa donc à Conrad de l'a­cheter. Or, c'était justement dans le territoire du jeune homme, là où ses clients étaient  les plus nombreux.           



Il y vendit ses caisses de boisson aux gens de Lowell, de Springfield et autres villes de la région et même à des Italiens du Connecticut, réalisant ainsi d’énormes bénéfices.



En fait, ce sont deux de ses associés de Plattsburg qui s'occupèrent de l'affaire, tandis que lui-même était aux lignes américaines. Le tra­vail fut extrêmement exigeant en hommes et en camions.



Chevaux



Conrad aime à raconter un fait concernant Al Ca­pone qui pariait quand il y avait des courses de che­vaux. L'écurie Whitney était une des meilleures aux États-Unis. Capone en­voya deux de ses hommes pour rencontrer M. Whit­ney afin de faire un pari de 25 000$ sur son cheval Galant Sir contre le pur-sang de Whitney baptisé Equipoise.




Whitney, sûr de ga­gner, accepta le pari. La course eut lieu à Chicago. Equipoise gagna, malgré le tour de passe passe de Capone. Celui-ci avait en effet inscrit un au­tre de ses chevaux dans la course afin de nuire à celui de Whitney, mais sa supercherie ne réussit pas et il per­dit son pari.



Quelques mois plus tard, dans un club aux Bahamas, Ca­pone invite Whitney à sa table.  Montrant la bouteil­le de champagne et les deux verres, Al Capone dit à son hôte : «Buvons à la vic­toire de votre cheval». 

Malgré ses défauts, Al Capone était très charitable. Il aidait les pauvres. Il ne buvait pas et ne fumait que très peu tandis que Conrad absorbait énormément d'alcool et fumait une grande quantité de gros cigares.


Chicago

La population de Chicago était alors de deux millions d'habitants.



Il y avait dans les années 1920-21 plusieurs bandes rivales d'Italiens aux quatre coins de la ville. Il s’y passait des choses pas très catholiques. Les bandes se mitraillaient l'une l’autre dans des guerres de territoire; elles se volaient leurs spiritueux et laissaient des cadavres derrière elles.



Dans ces luttes, l'un des frères d'Al Capone fut tué. C'était un fabricant de boisson frelatée, du scotch, du rye et du gin. « Ce n'était pas bon à boire», selon Conrad.



Al Capone contrôlait Chicago; il possédait des maisons de jeux, des bordels, des maisons de paris et dominait le marché de la drogue.



Incapable d’obtenir une condamnation pénale contre lui, la justice le coinça par ses lois fiscales.  Il fut condamné à onze ans de prison à Alcatraz pour ne pas avoir payé ses impôts. On lui enleva tout ce qu'il possédait.

Quand il tomba malade, on le libéra. Il mourut chez lui âgé de 48 ans. Il avait contracté la syphilis qui en ce temps là ne pardonnait pas.



Aventure


On a fait des films sur la vie d'Al Capone où apparaissent des officiers de FBI ainsi que Elliot Ness et ses Incorruptibles. On a écrit son histoire.



Sa manière de procéder n'était pas semblable à celle de Conrad. Al Capone ne traversa pas la frontière canadienne pour acheter des boissons alcoolisées. Quant à Conrad dans sa Cadillac blindée, il parcourut 20,000 milles en deux mois, ce qui n'était pas facile surtout dans les chemins de gravelle de l'époque.




Il ne s'occupa pas du commerce de la drogue. Il transporta du Canada aux États Unis seulement des boissons importées.



Ses hommes armés de revolver protégeaient ses caravanes de chargements. Ils n'ont jamais donné la mort à quelqu'un.   «C'était une grande aventure...»

Il y avait aussi des imprévus parfois, tels cette fois où une cousine de Conrad, au volant de l'une de ses voitures - une Buick évaluée à 3 000$ - en perdit la maîtrise et l'engloutit dans le lac Sassequin, près de New Bedford, au Massachussets.
Lac Sassequin, Mass.
Plattsburgh, 1920.  La «cousine».







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