mardi 12 juin 2018

FONCTIONNAIRE VÉREUX OU MALCHANCEUX ???


 
Siège de la Banque de Saint-Jean - Source : Canada Français

La déconfiture frauduleuse de la Banque de Saint-Jean aura décidément fait beaucoup de victimes et des plus inattendues.
De là à penser qu’elle a aussi servi à cacher d’autres manœuvres douteuses, il n’y a qu’un pas.
Prenons le cas du notaire Alexandre Richardson.
Né à Saint-Rémi, il a étudié au Collège de l’Assomption avant de faire sa cléricature et de devenir notaire.

En 1903, il devient secrétaire trésorier du village de Saint-Cyprien-de-Napierville, poste qu’il occupera jusqu’en 1908, et il est remplacé dans cette fonction par le notaire Alexandre Barette à partir du mois de mars 1909.
En vérifiant les comptes, Me Barette se rend compte que Richardson doit rendre compte d’une somme de 493, 31$[1] qu’il refuse de remettre au Conseil municipal.
Richardson reconnaît bien que cette somme manque, mais affirme que c’est la déconfiture de la Banque de Saint-Jean[2] qui est responsable de cette perte.
II affirme avoir déposé ladite somme à la succursale de Napierville de ladite banque, au début du mois d’avril 1908,  tout juste avant que la banque ferme ses portes, le 28 avril, pour cause de faillite frauduleuse. 
En conséquence, il estime donc ne pas pouvoir être tenu comptable de cette perte.
Il reconnaît avoir déposé cette somme dans son compte bancaire personnel, mais n’y voit rien de répréhensible…
Tout au contraire, le Conseil municipal estime que Richardson a entrepris de s’enrichir à ses dépens et réclame le paiement intégral de la somme.
Les choses se sont envenimées, la municipalité lui a servi une mise en demeure lui enjoignant de rembourser Saint-Cyprien dans les plus brefs délais et a entamé des démarches judiciaires devant la Cour supérieure.
Les avocats s’en mêlent et finalement on en arrive à un règlement à l’amiable aux termes duquel Richardson n’accepte de payer que les honoraires de son avocat et rien de plus.
Bref, le fin mot de l’histoire demeure totalement inaccessible.
Toutefois, il faut reconnaître que la réputation de Richardson ne semble pas avoir souffert de cette algarade puisque lors de son décès, en novembre 1923, ses obsèques à l'église de Saint-Cyprien ont attiré une foule nombreuse dans laquelle on comptait le député Bouthillier, les maires de Napierville et de Saint-Rémi de même que nombre de notaires.
Le manteau de l’oubli officiel était passé par là.
P.S. Richardson a été inhumé à Saint-Rémi.





[1] Cette somme vaudrait environ 11 000 dollars, de nos jours.
[2] Voir http://histoirehautrichelieu.blogspot.ca/2016/01/le-mouton-noir-de-henryville.html

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