L'heure est grave.
En 1869, des villages entiers continuent de se vider de leurs citoyens, ceux-ci étant plus attirés par les usines textiles de la Nouvelle-Angleterre que par leurs champs épuisés et épuisants.
Le Québec subit une ponction démographique qui le mène tout droit à la catastrophe.
Le nouveau député libéral de Saint-Jean, Félix-Gabriel Marchand, se sent particulièrement interpelé par ces néfastes mouvements de population.
Dans le journal qu'il a fondé, le Franco-Canadien, il publie donc, au début avril, un solide éditorial dénonçant cette marche vers l'extinction de tout un peuple.
On le voit, à Saint-Alexandre seulement, onze terres contigües sont à vendre, sans compter les autres plus dispersées.
Il continue : à Sherrington, 25 jeunes hommes - une bonne main d'oeuvre dont le Québec a cruellement besoin - quitte vers des lendemains qui semblent meilleurs.
À Saint-Valentin, le phénomène s'avère aussi puissant. Dans une dernière tentative pour stopper l'hémorragie, le curé a célébré une messe spéciale dans l'espoir de retenir la cinquantaine de candidats au départ qui se sont déjà manifestés. Sans succès.
Mais cette calamité ne se limite pas à la vallée du Richelieu : elle touche l'ensemble du Québec.
Et que fait le gouvernement conservateur pour enrayer le fléau?
Pourtant, les solutions paraissent évidentes : industrialisation du Québec et barrières douanières...
Il faudra attendre Honoré Mercier et son sous-ministre, le curé Antoine Labelle, pour que les choses commencent à s'orienter dans cette direction.
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