mardi 30 août 2016

UNE DÉCOUVERTE INOPINÉE




Parfois, il faut se méfier des «vérités» les mieux établies.
 
Prenons l’exemple du « Collège Marcoux ».

Cette institution privée, offrant le cours commercial, a formé de très nombreux jeunes qui ont su se faire une place dans la vie et qui en ont gardé un souvenir plein de gratitude.

À preuve, cet extrait de notice nécrologique parue dans la Presse en 2007 :

La vérité officielle la voici :  le Collège Marcoux a été fondé par M. Alcide Marcoux, sténographe auprès de la Cour supérieure et homme d’affaires qui fut successivement vice-président et trésorier de la Chambre de commerce locale.

Il aurait fondé son collège en 1932 et l’aurait logé dans un immeuble sis aux numéros civiques 242 et 244 de la rue Champlain, à Saint-Jean.  


Il y était encore en 1946, comme l’atteste cette photo de la rentrée.

Il aurait ensuite déménagé ses pénates au 175 de la rue Richelieu.

Or, voici que ce beau récit se détricote inexorablement.


Cette photo de 1926 nous montre en effet l’immeuble où Félix-Gabriel Marchand tenait son étude de notaire, à l’angle de la rue Jacques-Cartier nord et de la rue Saint-Jacques.

Félix-Gabriel Marchand est mort en 1900 et, en 1926, le rez-de-chaussée de l’immeuble est occupé par les notaires Deland et Deland et leur affiche apparaît bien sur la photo.

Mais, surprise!, on voit aussi l’affiche du Collège Marcoux, lequel existait donc déjà en 1926 et logeait à l’étage, au numéro civique 194 rue Jacques-Cartier Nord…

Nombreux sont ceux qui ont cru que cet étage est beaucoup trop exigu pour y accueillir des élèves.

Peut-être faut-il comprendre que les débuts furent particulièrement modestes…

mardi 23 août 2016

LE PONT EN RETARD




En 1963, Jean-Jacques Bertrand, député (Union nationale) de Missisquoi, s’inquiète. 


Dans 4 ans, Montréal sera l’hôte de l’Exposition universelle – EXPO 67.


Des gens du monde entier y viendront et notamment de nombreux Étatsuniens.

Beaucoup de ceux-ci franchiront la frontière à Noyan et devront traverser le pont de Cantic sur le Richelieu pour gagner la Métropole.


Or ce pont est très vieux puisqu’il a été inauguré en 1884; il appartient à une entreprise privée et il est à péage.


Selon le député, il est urgent que le gouvernement achète de gré à gré ou exproprie ce pont pour le remplacer par une structure moderne mieux adaptée et qu’il en rende l’utilisation gratuite.


Le gouvernement libéral se dit d’accord pour un nouveau pont, mais il ne veut ni acheter ni exproprier l’ancien : il préfère en construire un nouveau ailleurs sur la rivière.


Des études sont lancées, des ingénieurs se voient confier le projet et officiellement tout baigne.

Mais....

En 1965, le gouvernement se rend compte que la compagnie du pont Richelieu (Richelieu Bridge company) a été créée en 1882 par une loi fédérale et qu’elle dispose d’un monopole d’accès aux berges sur une distance de 3 kilomètres en aval et 11 en amont...


Autrement dit, il devient impensable de construire à côté.


De retard en tergiversation, l’Exposition universelle se déroule et le nouveau pont n’est toujours pas né.


Il faut attendre le gouvernement unioniste de
Le premier ministre Bertrand et la fin du péage.

Daniel Johnson (père) (1966- 68) et celui de Jean-Jacques Bertrand (1968-70) pour que les choses aillent plus rondement :  le vieux pont est acheté, remplacé par la structure actuelle en deux parties  prenant appui sur l’Île aux Têtes et finalement le péage est aboli.
 
Une des deux parties du pont Jean-Jacques Bertrand

Se souvenant de tout cela en 1979, le gouvernement de René Lévesque baptise «Pont Jean-Jacques Bertrand» cette nouvelle construction qu’on continue cependant, aux alentours, d’appeler pont de Noyan ou pont de Cantic.

mardi 16 août 2016

GRANDE VICTOIRE !




Le 19 août 2011 est jour de jubilation et de grandes réjouissances.


La population de Saint-Valentin et des villages avoisinants vient de se débarrasser d’un projet calamiteux.


La multinationale Transalta avait annoncé son intention de planter 25 éoliennes dans la région afin de profiter des subventions princières accordées par Québec aux vendeurs de vent.


Toutefois, à peine divulgué, le projet suscite une énorme levée de bouclier, car les gens savent que les éoliennes sont dangereuses pour la santé humaine et animale et qu’elles détruisent d’importantes quantités de terres agricoles alors que les terres dans la mire du promoteur sont parmi les meilleures du Québec.


De plus, chacun sait que Hydro-Québec n’a pas besoin de cette électricité non fiable et de mauvaise qualité, électricité qu’elle sera forcée d’acheter à des prix de 3 à 4 fois plus élevés que les prix du marché nord-américain de l’énergie et qu’elle ne pourra évidemment pas revendre.


Chacun sait également que tous les clients de la société d’État devront mettre la main à la poche pour combler le manque à gagner.


La bataille s’engage donc immédiatement et
un groupe de citoyens monte à l’attaque sous le nom de « Mouvement Don Quichotte ».

 Il convainc les maires de 7 municipalités voisines de Saint-Valentin de se constituer en coalition pour combattre également le projet.



Une exception dans ce regroupement :  Saint-Valentin.


Lorsque le projet a été lancé, le Conseil municipal y était favorable et le maire de l’époque était même lié par contrat avec le promoteur…


Les liens étaient si étroits que Transalta disposait même d’un bureau directement dans la mairie du village…


Aux élections suivantes, un nouveau maire est arrivé, mais le contrat avec l’entreprise étant signé, l’administration municipale s’en trouvait prisonnière.


Forte de cet appui obligé, Transalta mena rapidement sa barque sans trop se préoccuper de l’opinion citoyenne et cela, jusqu’aux audiences du BAPE.


L’enjeu de ces audiences est d’évaluer l’opinion publique concernant le projet à l’étude.


Dans le cas de ces audiences, aucun doute n’était permis :  l’écrasante majorité de la population régionale, appuyée solidement par la Coalition des maires, a démontré hors de tout doute qu’elle rejetait absolument l’implantation de robots à pales industriels dans les meilleures terres agricoles du Québec.


Rendu public à la mi-août 2011, le rapport était entériné par le ministre responsable de l’époque, Pierre Arcand, et le projet rejeté le 19 août de la même année.




mardi 9 août 2016

PATRIMOINE RELIGIEUX


Église de Pierreville en phase démolition.


En ce début de 21e siècle, les mauvaises nouvelles s’accumulent sur notre patrimoine religieux et l’on ne cesse de nous annoncer la fermeture, la vente ou la démolition d’églises, œuvres d’architecture qui ont pourtant constitué durant fort longtemps le centre névralgique de nos villages et paroisses.

Il en allait tout autrement au début du 20e siècle.

Le 4 août 1901, par exemple, Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix inaugure la nouvelle église dont elle vient de se doter.

Une bonne partie de la paroisse s’est
Mgr Racicot
déplacée le matin pour assister à la consécration du nouveau temple par le chanoine François Théophile Zotique Racicot, doyen de l’archevêché de Montréal.


Mais le clou de la journée était réservé à l’après-midi et une grande foule de l’extérieur s’est jointe aux paroissiens de Saint-Paul pour assister, à 15 heures, à la bénédiction de la cloche.

Le vapeur « Majestic », qui assure le transport de passagers sur le Richelieu, a bien fait les choses.

Non seulement amène-t-il plus de 300 curieux de Saint-Jean et de Sabrevois, mais il a même convié la fanfare de Saint-Jean au grand complet pour ajouter à l’éclat de l’événement.

Les discours des notables se suivent, puis une fois la cérémonie terminée, les convives sont invités à un plantureux banquet et la fabrique en profite pour quêter des appuis sonnants et trébuchants afin d’assurer le financement du nouvel établissement.

La sébile a pu ainsi ramasser environ 600 dollars, somme importante qui montre que le patrimoine religieux était mieux valorisé à cette époque.