Yvonne à 19 ans |
Elle est née à Farnham, le 25 août
1896, de Romuald Labelle et d’Alice Thuot, tous deux issus de familles
ibervilloises aux très longues racines.
Le 29 avril 1898, elle est suivie de
son frère Conrad, le célèbre contrebandier, puis la famille revient à Iberville
en 1901, au berceau familial, et Romuald y ouvre une boulangerie.
Inscrite au prestigieux couvent
Marguerite-Bourgeoys des Sœurs de la Congrégation , Yvonne a environ 13 ans lorsqu’elle
se découvre le goût de l’écriture et qu’elle s’y livre avec une délectation que
les Sœurs jugent malsaine... Tous ses manuscrits de roman sont détruits au fur
et à mesure de leur production.
Elle termine néanmoins brillamment
ses études en 1915 et couronne le tout en décrochant la médaille d’or du cours
supérieur.
L’année suivante, toute la famille déménage
aux États-Unis et s’installe à Champlain, dans le New York. De ce séjour de 6
ans, elle garde le souvenir de merveilleux voyages et surtout, de la découverte
de la mer, qui exercera sur elle une fascination de tous les moments.
En 1922, les Labelle reviennent à
Iberville et Yvonne tâte alors du journalisme. Elle entame une carrière d’une
dizaine d’années au Canada Français, dont la politique salariale, au début, se
résumait à lui offrir une boîte de chocolats aux Fêtes.
Et pourtant, elle y officiait autant
à titre de correctrice d’épreuves que de correspondante à Iberville. Pour
arrondir ses fins de mois, elles place des articles dans de nombreuses autres
publications.
Parallèlement, elle accepte le poste
de conservatrice bénévole de la bibliothèque de Saint-Athanase, un poste qu’elle
va occuper durant 57 ans avec ardeur, initiative et dévouement. Deux chiffres
indiquent bien l’ampleur de son activité : à son arrivée en 1927, la bibliothèque
comptait 444 livres
en tout et pour tout; en 1984, à son départ, elle en présentait plus de 10 000.
Toute cette activité n’a toutefois
pas tari sa verve romancière et, en 1930, elle fait paraître au Canada français
« La peur d’aimer », et « Jours d’orage » en 1939, ce dernier soulignant le
centenaire du soulèvement des Patriotes de 1838 à Napierville.
Sa vocation d’historienne lui est
venue durant son séjour aux États-Unis. Elle y a pris la mesure de l’assimilation
rapide des réfugiés économiques Canadiens français ayant fui leur pays dans l’espoir
de trouver la prospérité dans les filatures textiles de la Nouvelle-Angleterre .
Cette première sensibilité s’est
cristallisée lorsque le notaire Rodolphe Fournier, fondateur de la Société historique de la Vallée du Richelieu – ancêtre
de notre société d’histoire – lui a demandé un texte sur Iberville. Elle était
membre de cette société depuis sa fondation en 1952, et accepta d’emblée.
Elle croyait pouvoir s’en tirer en écoutant
les récits des anciens, mais il s’avéra très rapidement que ceux-ci manquaient
de précisions et se contredisaient fréquemment. C’est alors qu’elle de met à dépouiller
les archives – procès-verbaux de la paroisse, de la ville d’Iberville, de la
municipalité de paroisse, de l’église Saint-Athanase et même ceux du cercle des
fermières et d’autres organismes locaux.
En 1956, elle publie le résultat de
ses recherches sous le titre « Monographie d’Iberville », encore aux presses du
Canada Français, où elle a aussi publié « Lieu de naissance du ruisseau Hazen »
en 1946.
Puis, elle reprend sa monographie d’Iberville,
la complète , l’augmente et la publie sous le titre général de « Monographie d’Iberville,
2e édition ». 7 tomes en sortiront : « La seigneurie et les seigneurs de Bleury
et les premiers colons », en 1970; « Autour de nos clochers », en 1971; «
Belles années scolaires » en 1972; « Notre région » en 1973; « Loisirs d’autrefois
» en 1974; « Les arts chez nous » en 1975 » et finalement « Les échos du passé
: réalité du présent » en 1976.
Il s’agit là de son œuvre maîtresse,
celle par laquelle Yvonne Labelle s’est gagné une place au panthéon de notre région.
Mais le démon des archives ne la
quittait pas. En 1978, elle décide de publier le récit des exploits de son frère
Conrad qui, de boulanger-pâtissier, était devenu un célèbre contrebandier,
complice d’Al Capone durant la période de prohibition de l’alcool aux États-Unis.
À 91 ans, en 1987, quelques jours
avant sa mort, elle se dépêchait de terminer un roman qu’elle n’avait pas l’intention
de confier à un éditeur. Le titre provisoire en était « Le petit page ».
Elle est décédée à Iberville, le 20
septembre 1987.
Une grande dame d'Iberville.
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